Le dernier documentaire réalisé en Inde par Danmarks Radio, intitulé "Blood sweat and T-shirts", serait l'un des reportages à l'origine des refus opérés à l'ensemble des professionnels de DR, notamment à Tom Heinemann et à son épouse et preneuse d'images Lotte La Cour.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières condamne la mise à l’index des journalistes de Danmarks Radio (DR), le groupe de radiotélévision publique du Danemark, par les autorités indiennes. Parmi eux figurent Tom Heinemann, lauréat en 2011 du prix Lorenzo Natali de la Comission européenne, qui récompense les journalistes engagés pour les droits de l’homme. Le 1er février 2012, Tom Heinemann et son épouse et preneuse d’images Lotte La Cour, se sont à nouveau vus refuser un visa par l’ambassade indienne à Copenhague.
« Nous sommes consternés par l’attitude des autorités indiennes, qui persistent dans leur politique discriminatoire à l’encontre de journalistes accrédités par des médias respectés. Le gouvernement indien doit cesser de se réserver le droit de refuser un journaliste sur son territoire chaque fois qu’il juge son travail trop critique à son égard. Ces refus constituent une violation directe de la liberté d’information et vont à l’encontre de l’esprit de la constitution indienne », a declare l’organisation.
L’ambassade n’a donné aucune explication au journaliste, qui a procédé à un enregistrement audio de son entretien, dans lequel on peut entendre le personnel diplomatique déclarer ne pas avoir à donner de justification pour ce déni de visa.
Le 6 février 2012, le président de l’Union des journalistes au Danemark a rencontré le ministre des affaires étrangères de son pays pour discuter des moyens envisageables afin que les journalistes de DR voient leur interdiction levée.
Interrogé par Reporters sans frontières, Tom Heinemann répondu : « Ce n’est pas seulement un gros problème pour ma cameraman et moi, mais aussi une attaque à la liberté d’expression, contre laquelle tout journaliste devrait protester. Les autorités indiennes affirment que l’Inde est la plus grande démocratie du monde. Quand ils peuvent exclure des journalistes, voire même un groupe de média dans son ensemble, cela n’a plus rien à voir avec la démocratie. »
Le dernier documentaire réalisé en Inde par DR, intitulé « Blood sweat and T-shirts », diffusé en 2010 sur la télévision publique danoise, serait l’un des reportages à l’origine des refus opérés à l’ensemble des professionnels de DR.
Tom Heinemann et Lotte La Cour sont dans le collimateur des autorités indiennes depuis la sortie du film « A killer Bargain » en 2005, qu’ils avaient tourné lors d’un séjour effectué avec un visa touristique. Ce documentaire primé, traduit en Hindi, avait irrité les autorités indiennes et entrainé l’interdiction d’entrée sur le territoire pour le journaliste, en septembre 2006. Par la suite, Tom Heinemann avait écrit plusieurs lettres à l’ambassade de l’Inde à Copenhague, pour expliquer que le documentaire était également à charge contre des entreprises danoises abusant des conditions des travailleurs en Inde.
L’Inde se situe à la 131e position dans le classement 2011-2012 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.