(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République, Issaias Afeworki, RSF a protesté contre la suspension des huit journaux privés du pays. RSF a demandé au chef de l’Etat d’annuler cette décision et de permettre à la presse privée de paraître à nouveau. « On n’a pas vu une telle mesure envers la […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République, Issaias Afeworki, RSF a protesté contre la suspension des huit journaux privés du pays. RSF a demandé au chef de l’Etat d’annuler cette décision et de permettre à la presse privée de paraître à nouveau. « On n’a pas vu une telle mesure envers la presse privée en Afrique depuis de nombreuses années. Cette décision de fermer purement et simplement tous les titres de la presse privée est non seulement inacceptable, mais hypothèque également l’instauration d’une véritable démocratie en Erythrée », a déclaré Robert Ménard, le secrétaire général de RSF. « Le chef de l’Etat montre là le visage d’un prédateur de la liberté de la presse », a ajouté le secrétaire général.
Le 18 septembre 2001, selon les informations recueillies par RSF, les journaux privés ont annoncé qu’en raison d’une décision gouvernementale, il s’agissait de leur dernière édition, jusqu’à nouvel ordre. Le 19 septembre, aucun journal n’est paru. Le directeur de la télévision publique a expliqué à l’antenne que les médias privés avaient eu « le temps de corriger leurs erreurs. Ils mettaient en péril l’unité du pays ».
La suspension sine die de la presse privée intervient le même jour que l’arrestation, à Asmara, de sept anciens ministres et généraux, dirigeants historiques du Front populaire de libération de l’Erythrée, et aujourd’hui très critiques à l’égard du président Afeworki. Ils faisaient partie d’un groupe de quinze personnalités qui, en mai, avaient demandé publiquement au chef de l’Etat une « plus grande démocratie » dans le pays, l’accusant de se conduire de manière « inconstitutionnelle ». Parmi les détenus figure l’ancien ministre de l’Information, Beraki Gebreselassie, qui avait levé la censure militaire sur l’information, en novembre 1999.
Cette mesure est la plus grave prise par les autorités en Erythrée. Elle intervient alors que la presse privée connaissait, depuis la fin de la guerre avec l’Ethiopie, un succès grandissant, ses ventes dépassant même celles de la presse officielle. Au cours de ces derniers mois, plusieurs journalistes ont été interpellés brièvement par les forces de l’ordre. Enfin, RSF rappelle que la Constitution de 1997, qui prévoit des mesures pour la presse moins restrictives que la loi de 1994, n’est toujours pas appliquée, par décision du chef de l’Etat.