Les poursuites contre Hermann Aboa contredisent les promesses du gouvernement Ouatarra de ne pas persécuter les journalistes ayant travaillé pour la presse pro-Gbagbo.
(CPJ/IFEX) – New York, le 22 juillet 2011 – Les autorités de la Côte-d’Ivoire ont arrêté jeudi dernier un journaliste pour avoir animé une émission-débat télévisée soutenant l’ancien président ivoirien évincé, Laurent Gbagbo, selon des journalistes locaux.
Hermann Aboa, animateur à la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI), la première chaîne de télévision publique ivoirienne, est détenu dans une prison du camp de gendarmerie d’Agban, à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, ont dit des journalistes au CPJ. Il a été inculpé par le procureur de la République d’activités antiétatiques, notamment l’atteinte à la défense nationale, l’atteinte à l’ordre public, participation à un mouvement insurrectionnel, et l’incitation à la haine raciale, a déclaré au CPJ une source proche du dossier qui a parlé sous couvert de l’anonymat.
Ces accusations sont liées à une émission-débat intitulée Raison d’État dont M. Aboa était un des animateurs au cours des cinq mois de crise politique qui ont suivi le second tour du scrutin contesté qui avait opposé l’actuel président, Alassane Ouattara, et le président sortant, Laurent Gbagbo. Cette émission recevait exclusivement des invités soutenant M. Gbagbo, alors président, qui contrôlait la RTI avant qu’il ne soit évincé en avril dernier par les forces fidèles à M. Ouattara.
« Les poursuites contre Hermann Aboa pour avoir animée une émission de télévision contredisent le discours de réconciliation nationale du président Ouattara et les promesses de son gouvernement de ne pas persécuter les journalistes ayant travaillé pour la presse pro-Gbagbo », a déclaré Mohamed Keita, coordonnateur du Plaidoyer pour l’Afrique du CPJ. « Nous demandons la libération immédiate de M. Aboa et l’abandon des charges retenues contre lui ».
Une quinzaine de personnes, parmi lesquelles six autres journalistes et des personnalités des médias sont détenus depuis plusieurs semaines par le gouvernement de M. Ouattara, sous des accusations d’activités antiétatiques liées à leur militantisme en faveur de M. Gbagbo, selon des médias et des recherches du CPJ.