(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières est consternée par le silence des autorités, notamment celui du ministre de l’Information Mohammad Ali Durrani, sur les conclusions des deux rapports qui leur ont été transmis sur l’enlèvement et l’assassinat de Hayatullah Khan, correspondant du quotidien en ourdou « Ausaf » et photographe pour l’agence European Press Photo Agency (EPA) dans […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières est consternée par le silence des autorités, notamment celui du ministre de l’Information Mohammad Ali Durrani, sur les conclusions des deux rapports qui leur ont été transmis sur l’enlèvement et l’assassinat de Hayatullah Khan, correspondant du quotidien en ourdou « Ausaf » et photographe pour l’agence European Press Photo Agency (EPA) dans le Nord Waziristan.
« Le gouvernement n’a visiblement pas l’intention de rendre publics les résultats de la commission d’enquête dirigée par un juge de Peshawar ni les conclusions auxquelles a abouti le gouverneur de la province de Peshawar. Tout cela manque cruellement de transparence, malgré les déclarations rassurantes de plusieurs membres du gouvernement après la découverte du corps de Hayatullah Khan. Nous soutenons la demande de l’Union des journalistes pakistanais de rendre public au plus vite les deux rapports, dans leur intégralité », a affirmé Reporters sans frontières.
A l’occasion de la visite du président pakistanais Pervez Musharraf en Europe, Reporters sans frontières est intervenue auprès du président et d’élus du Parlement européen, et de l’Union européenne, pour que les cas des journalistes assassinés et kidnappés, notamment celui de Hayatullah Khan, soient évoqués lors des rencontres.
Reporters sans frontières rappelle que Munir Mengal, directeur de la chaîne en baloutche Baloch Voice, et Mehruddin Marri, du quotidien en langue sindhi « Kawish », sont portés disparus après avoir été interpellés par les services de sécurité.
Le 18 août 2006, le juge Mohammad Raza Khan a transmis, avec un mois de retard, son rapport d’enquête aux autorités d’Islamabad. « J’ai fait mon travail en rendant ce rapport d’enquête. Maintenant c’est le choix du gouvernement de le rendre public ou pas », a-t-il déclaré à Reporters sans frontières.
De son côté, le gouverneur de la Province de la Frontière du Nord-Ouest (NWFP) a annoncé à la presse, le 9 septembre, que l’équipe chargée, sous ses ordres, d’enquêter sur le meurtre du journaliste, avait également transmis son rapport au gouvernement d’Islamabad. Etrangement, le gouverneur ne semblait pas informé de la démarche du juge Mohammad Raza Khan.
La commission d’enquête dirigée par le juge Mohammad Raza Khan a procédé à de nombreuses auditions, notamment de la famille de Hayatullah Khan et d’un représentant de Reporters sans frontières. Malgré les demandes des organisations de journalistes, elle a travaillé à huis clos.
Le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur et le ministre de l’Information ont successivement promis que les auteurs du meurtre de Hayatullah Khan seraient punis.
Le 16 juin 2006, le corps du reporter Hayatullah Khan a été retrouvé près de Mir Ali dans la zone tribale du Nord Waziristan. Il était menotté, paraissait très maigre et sa barbe avait poussé, laissant penser qu’il avait été détenu dans des conditions très difficiles. Hayatullah Khan avait été enlevé le 5 décembre 2005 à Mir Ali par cinq hommes armés. Quelques jours auparavant, le journaliste avait enquêté sur les circonstances de la mort d’un chef arabe d’Al-Qaïda, Hamza Rabia. L’armée pakistanaise avait affirmé que le djihadiste avait été tué dans l’explosion accidentelle de munitions. Hayatullah Khan avait contredit l’armée en démontrant que celui-ci avait été tué par un missile américain. Il appuyait ses affirmations par des photographies prises sur les lieux de l’incident.
**Mise à jour d’alertes de l’IFEX des 20 et 16 juin, 13 avril, 20 février, 24 et 6 janvier 2006, 21, 9 et 5 décembre 2005; pour des informations complémentaires sur le cas Mengal, veuillez consulter des alertes du 20 juin et 13 avril 2006; pour le cas Marri, consulter des alertes des 20 et 11 juillet 2006; veuillez noter que dans les alertes antécédentes, le nom du journaliste est épelé « Mari »**