Deux dirigeants de l'entreprise qui distribue le journal sont accusés de "publication de fausses informations portant atteinte à l'État".
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce les intimidations répétées des autorités zimbabwéennes à l’encontre du journal privé « The Zimbabwean », édité en Grande-Bretagne et imprimé en Afrique du Sud. Barnabas Madzimure et Fortune Mutandiro, deux dirigeants de l’entreprise Adquest qui distribue le journal au Zimbabwe, sont accusés de « publication de fausses informations portant atteinte à l’Etat ». La date de leur procès n’est pas encore fixée.
« Nous déplorons que la presse privée zimbabwéenne soit toujours exposée aux réflexes policiers et aux tentatives d’intimidations. S’en prendre aux distributeurs du journal alors qu’ils ne sont pas responsables de son contenu est injuste et absurde. Ces signes sont d’autant plus inquiétants que le gouvernement d’union nationale, formé l’année dernière, avait affirmé vouloir garantir la liberté de la presse », a déclaré l’organisation.
Le 10 février 2010, Barnabas Madzimure et Fortune Mutandiro ont été arrêtés par la police puis relâchés. Les autorités les accusent d’avoir publié « de fausses informations portant atteinte à l’Etat », un crime pénalement condamnable au Zimbabwe. La veille, trois chauffeurs de l’entreprise de distribution avaient également été interpellés et interrogés pendant trois heures.
Les autorités ont ainsi réagi à la publication d’un article, le 10 janvier 2010, intitulé « Mnangagwa plots fight back: talk of new splinter group ». Le texte prétendait que l’actuel ministre de la Défense, Emmerson Mnangawa, avait réuni secrètement des membres éminents du ZANU-PF (au pouvoir), en vue de prendre le contrôle du parti.
« Madzimure et Mutandiro n’ont rien à voir dans cette affaire. Ils ne sont même pas responsables de la distribution de l’édition du 10 janvier puisque nous avons commencé à travailler avec l’entreprise Adquest le 14 janvier. A l’époque, nous étions distribués par Publications Distributors », a déclaré le rédacteur en chef du « Zimbabwean », Wilf Mbanga.
En janvier, Stanley Kwenda, correspondant pour « The Zimbabwean », avait décidé de quitter le pays pour préserver sa sécurité. A la suite d’un de ses articles, il avait été menacé de mort par un officier de police, Chrispen Makedenge, impliqué dans de nombreux enlèvements de journalistes et de membres du Movement for Democratic Change (MDC, opposition).
Un an exactement après la formation du gouvernement d’union nationale au Zimbabwe, le bilan en termes d’avancées démocratiques reste mitigé. Si la liberté de la presse s’est améliorée, d’énormes progrès restent cependant à enregistrer. Reporters sans frontières demande aux autorités d’encourager un climat plus favorable à l’expression de journaux privés et indépendants, en s’assurant notamment que le Zimbabwe Media Council (ZMC), organisme chargé de délivrer aux journaux leurs licences et ainsi de permettre à la presse indépendante de renaître, soit fonctionnel. Les neuf commissaires appelés à siéger au ZMC ont été nommés, mais sans que le Conseil commence véritablement à travailler.