(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur Mboumbou Miyakou, RSF a demandé des explications sur l’ordre donné au patron de la Sogapresse, messagerie gabonaise de presse, de ne plus distribuer le journal satirique « Le Gri-Gri International ». « L’interdiction du ‘Gri-Gri International’ montre une nouvelle fois l’acharnement des autorités contre la liberté de la […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur Mboumbou Miyakou, RSF a demandé des explications sur l’ordre donné au patron de la Sogapresse, messagerie gabonaise de presse, de ne plus distribuer le journal satirique « Le Gri-Gri International ». « L’interdiction du ‘Gri-Gri International’ montre une nouvelle fois l’acharnement des autorités contre la liberté de la presse au Gabon », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « La volonté de museler la presse est d’autant plus flagrante qu’aucune explication officielle n’a été fournie. A nouveau, la susceptibilité du chef de l’Etat semble avoir été heurtée par un journal satirique qui connaît un gros succès au Gabon », a ajouté Ménard. RSF tient à souligner que dans son livre « Blanc comme Nègre », le président de la République, Omar Bongo, avait pourtant rappelé son engagement en faveur de la liberté de la presse, et notamment écrit : « Il y a des gens, comme Mitterrand ou comme moi, à qui les critiques ne provoquent pas d’insomnie ».
Le 18 octobre 2001, selon les informations recueillies par RSF, M. Barre, le patron de la Sogapresse, a demandé de ne plus recevoir « Le Gri-Gri International ». Une semaine auparavant, la Sogapresse avait pourtant commandé des exemplaires supplémentaires en raison du succès du journal au Gabon. Barre a été convoqué le 15 octobre par le chef de la police nationale Jean-Claude Labouba. Celui-ci l’a sommé de ne plus distribuer « Le Gri-Gri International », en invoquant des instructions du ministère de l’Intérieur. Le 12 octobre, des agents de la police judiciaire non mandatés avaient saisi les derniers exemplaires en kiosque.
RSF rappelle que « La Griffe », l’hebdomadaire publié au Gabon par Michel Ongoundou Loundah, avant « Le Gri-Gri International » depuis Paris, avait été suspendu à plusieurs reprises puis définitivement interdit.
La première suspension remonte au 12 août 1998, suite à une condamnation par le tribunal correctionnel de Libreville dans une affaire de diffamation. Le 15 février 1999, cette décision avait été cassée par un arrêt de la cour d’appel de Libreville. Le 17 mars 1999, le Conseil national de la communication (CNC) avait suspendu « La Griffe » sous le prétexte que le directeur de publication et le rédacteur en chef ne résidaient pas au Gabon. Par ailleurs, en janvier 2001, le président Bongo et son épouse, ainsi que sa belle-soeur, Gisèle Opra, ont déposé deux plaintes en diffamation contre « La Griffe ». Les deux affaires n’ont pas encore été entendues (consulter des alertes de l’IFEX du 19 février 2001, 18 mars 1999 et 17 août 1998).
Le 15 février, le CNC avait suspendu « La Griffe » et son supplément « Le Gri-Gri » et interdit provisoirement à Ongoundou, directeur de la publication, et Raphaël Ntoutoume, rédacteur en chef, l’exercice de la profession de journaliste.