Plus de 110 acteurs de l’information ont été tués dans le cadre de leurs fonctions depuis mars 2011, plus d’une soixantaine sont aujourd’hui détenus, retenus en otages ou portés disparus.
La Syrie est aujourd’hui le pays le plus dangereux au monde pour les journalistes. Selon le recensement de Reporters sans frontières, plus de 110 acteurs de l’information ont été tués dans le cadre de leurs fonctions depuis mars 2011, plus d’une soixantaine sont aujourd’hui détenus, retenus en otages ou portés disparus.
A l’occasion du cinquième mois de captivité des deux journalistes d’Europe 1 Edouard Elias et Didier François, en Syrie le 6 juin dernier, et alors que leurs confrères Nicolas Hénin et Pierre Torres sont retenus depuis quatre mois et demi, Reporters sans frontières publie un rapport, Le journalisme en Syrie, une mission impossible ?, qui décrypte la dangerosité croissante du métier de journaliste en Syrie. Ce document analyse l’évolution des dangers, la provenance des menaces et les difficultés rencontrées par les acteurs de l’information, syriens ou étrangers, au cours des trente-deux mois du conflit.
Au début du soulèvement, l’armée régulière syrienne et ses sbires visaient les journalistes en représailles de la couverture des manifestations et de leur répression. Désormais, les journalistes étrangers et syriens sont pris en étau entre l’armée régulière et les groupes armés djihadistes dans les zones “libérées” du nord du pays. Il doivent faire face aux tentatives de contrôle des forces de sécurité du PYD, la principale force politique dans le territoire à population kurde du pays. Si Bashar Al-Assad était le seul “prédateur de la liberté de la presse” en Syrie en 2011, Jabhat Al-Nosra a fait son apparition en 2013 sur cette liste publiée chaque année par Reporters sans frontières. D’autres groupes djihadistes tels que l’Etat islamique d’Irak et du Levant (ISIS) méritent aujourd’hui de rejoindre ce club des ennemis de la liberté de l’information.
Le rapport démontre qu’au-delà du bilan humain, l’information est une victime collatérale de ce confit. Les médias gouvernementaux sont d’un côté le bras non armé du régime dans sa guerre de propagande et de désinformation. De l’autre, les nouveaux médias qui ont vu le jour rapidement après le début du soulèvement ont eu tendance à se muer en marionnettes de la “révolution”. Même si une volonté de professionnalisation anime certains de ces nouveaux organes de presse.