(RSF/IFEX) – Abdallah Zouari, de l’hebdomadaire islamiste « Al-Fajr » (suspendu), a été renvoyé de l’hôpital le 23 février 2005 au soir, alors qu’un médecin avait dans un premier temps ordonné son hospitalisation. En grève de la faim depuis 33 jours pour protester contre son éloignement administratif, le journaliste a aujourd’hui besoin d’un suivi médical quotidien. Le […]
(RSF/IFEX) – Abdallah Zouari, de l’hebdomadaire islamiste « Al-Fajr » (suspendu), a été renvoyé de l’hôpital le 23 février 2005 au soir, alors qu’un médecin avait dans un premier temps ordonné son hospitalisation. En grève de la faim depuis 33 jours pour protester contre son éloignement administratif, le journaliste a aujourd’hui besoin d’un suivi médical quotidien.
Le 23 février à 16h00 (heure locale), il avait été transporté d’urgence à l’hôpital auxiliaire de Zarzis, suite à un malaise. Après quelques tests médicaux, le cardiologue de service avait signé l’avis d’hospitalisation de Zouari. Les formalités administratives terminées, une infirmière avait apporté un brancard pour l’amener à sa chambre.
Vers 22h00, le cardiologue est revenu sur sa décision et a demandé au journaliste de rappeler ses proches, qui avaient déjà quitté l’hôpital, pour qu’ils viennent le chercher. Face à l’incompréhension du journaliste, le médecin lui a expliqué que l’hôpital était « surpeuplé », qu’il y avait des cas plus graves à soigner et qu’il n’y avait donc pas de place pour lui. Le médecin a remis au journaliste un cocktail de médicaments pour « soulager ses souffrances » et l’a renvoyé à son domicile de Zarzis.
Un médecin, cité par l’AFP, a constaté que le journaliste « se déplaçait avec des béquilles, avait perdu 9 kg et commençait à montrer des troubles neuro-végétatifs ».
Le 9 février dernier, Zouari avait passé cinq heures sous perfusion intraveineuse, à l’hôpital de Zarzis, à la suite d’une importante chute de tension. Cet établissement public n’avait déjà pas voulu le garder en observation alors que son état l’exigeait, d’après son médecin personnel.
Peu avant son retour à l’hôpital, le 23 février, Zouari avait déclaré à RSF : « J’ai entamé cette grève de la faim pour revendiquer mon droit élémentaire de vivre avec ma famille et mes enfants. Je suis au 32e jour de ma grève et pourtant les persécutions dont je suis victime ne cessent d’augmenter. Il y aujourd’hui une douzaine de policiers, en uniforme et en civil, postés devant mon domicile. Il n’y a aucun signe des autorités pour alléger mes souffrances et celles de ma famille ».
Face à l’indifférence du pouvoir, la mère de Zouari, âgée de 75 ans, sa femme et ses enfants ont également entamé, le 13 février, une grève de la faim. « Nous avons tapé à toutes les portes des officiels du gouvernement et avons envoyé des lettres à toutes les personnes qui seraient en mesure de nous aider, mais nous n’avons jamais obtenu de réponse. Alors j’ai décidé de me joindre à lui dans sa grève de la faim », a déclaré à la presse Mahjouba, la mère du journaliste.
Après avoir purgé onze ans de prison, Zouari avait été libéré le 6 juin 2002. Il avait de nouveau été arrêté et condamné, en octobre 2003, à 13 mois de prison. Depuis sa sortie, en septembre 2004, le journaliste vit sous le coup d’une mesure d’éloignement à Zarzis (500 km de Tunis), où il est étroitement surveillé, alors que sa femme et ses cinq enfants vivent à Tunis (lieu de son arrestation).