(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice russe, Youri Tchaïka, RSF a protesté contre la condamnation en appel du journaliste russe Andreï Babitski. « Cette condamnation, même à une faible amende, est inique et inacceptable », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Toute cette affaire – depuis l’arrestation le 16 janvier […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice russe, Youri Tchaïka, RSF a protesté contre la condamnation en appel du journaliste russe Andreï Babitski. « Cette condamnation, même à une faible amende, est inique et inacceptable », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Toute cette affaire – depuis l’arrestation le 16 janvier d’Andreï Babitski en Tchéchénie, l’instrumentalisation par les forces armées russes dont il a été victime, et jusqu’à cette condamnation – témoigne du non-respect flagrant par la Russie des Conventions de Genève », a ajouté Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, Babitski, journaliste russe de Radio Svoboda (antenne russe de Radio Free Europe), a été condamné en appel, le 13 décembre 2000, à une amende de 8350 roubles (300 dollars) pour détention de faux passeport, par la Cour suprême du Daguestan (Caucase russe). Arrêté le 16 janvier par les forces fédérales à la sortie de Grozny, Babitski a été détenu dans un camp de « filtration » à Tchernokozovo (nord de la Tchétchénie), où il a été maltraité. Le 3 février, il a été « échangé » contre plusieurs soldats russes et remis à des combattants tchétchènes probablement pro-russes. Ces derniers ont confié le journaliste à un passeur, qui l’a finalement libéré au Daguestan. Selon Babitsky, ses ravisseurs avaient l’intention de l’envoyer en Azerbaïdjan. C’est la raison pour laquelle ils lui ont remis de force un faux passeport azéri. Le 25 février, il a de nouveau été arrêté par les forces fédérales russes et inculpé de « possession de faux passeport ». Trois jours plus tard, il a commencé une grève de la faim afin de protester contre sa détention. Il a finalement été libéré le 29 février, mais assigné à résidence à Moscou. En octobre, Babitski a été condamné en première instance à une amende de 8350 roubles pour détention de faux passeport. Il a refusé de bénéficier d’une amnistie pour les délits mineurs et a interjeté appel.
Babitski est connu pour ses reportages critiques sur l’action des forces fédérales en Tchétchénie. Il avait notamment dénoncé les mauvais traitements subis par les prisonniers des camps de « filtration ». « Il est clairement au service de l’ennemi. Ce qu’il fait est bien plus dangereux que de tirer des rafales d’armes automatiques », avait dit de lui Vladimir Poutine dans une interview accordée à l’hebdomadaire moscovite « Kommersant », le 10 mars dernier.