(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, RSF a protesté contre l’assignation à résidence du journaliste Andrei Babitsky. « Il est inadmissible qu’Andrei Babitsky ne puisse se rendre à Bucarest afin de recevoir le prix que lui décerne l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) », […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, RSF a protesté contre l’assignation à résidence du journaliste Andrei Babitsky. « Il est inadmissible qu’Andrei Babitsky ne puisse se rendre à Bucarest afin de recevoir le prix que lui décerne l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. RSF a par ailleurs demandé l’annulation des charges qui pèsent contre le journaliste.
Selon les informations recueillies par RSF, l’OSCE devait décerner, le 6 juillet 2000, à Bucarest son « Prix pour le journalisme et la démocratie » au correspondant de la radio internationale Radio Free Europe / Radio Liberty, Babitsky, pour sa couverture du conflit tchétchène. Cependant, le ministère de l’Intérieur russe a estimé, le 4 juillet, que « sa sortie de Moscou n’était pas d’actualité » et que l’instruction « nécessitait la présence permanente du journaliste ». Le 7 mars, il avait déjà été empêché de se rendre à Strasbourg, à l’invitation de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.
Arrêté le 16 janvier par les forces fédérales à la sortie de Grozny, Babitski avait été détenu dans un camp de « filtration » à Tchernokozovo (nord de la Tchétchénie) où il a été maltraité. Le 3 février, il a été « échangé » contre plusieurs soldats russes et remis à des combattants tchétchènes probablement pro-russes. Ces derniers ont confié le journaliste à un passeur, qui l’a finalement libéré au Daguestan. Le 25 février, il a de nouveau été arrêté par les forces fédérales russes et inculpé de « possession de faux passeport ». Trois jours plus tard, il a commencé une grève de la faim afin de protester contre sa détention. Il a finalement été libéré le 29 février, mais assigné à résidence à Moscou, sous le coup d’une double inculpation de « participation à bandes armées » et « utilisation de faux documents ». Seul le deuxième motif d’inculpation a été retenu et le journaliste encourt une peine de travaux d’intérêt collectif ou une amende. Selon Babitsky, ses ravisseurs avaient l’intention de l’envoyer en Azerbaïdjan. C’est la raison pour laquelle il était en possession d’un faux passeport azéri. L’enquête doit durer jusqu’au 25 août prochain. Jusque là, le journaliste ne peut légalement quitter Moscou.
Babitski est connu pour ses reportages critiques sur l’action des forces fédérales en Tchétchénie. Il avait notamment dénoncé les mauvais traitements subis par les prisonniers des camps de « filtration ». « Il est clairement au service de l’ennemi. Ce qu’il fait est bien plus dangeureux que de tirer des rafales d’armes automatiques », avait dit de lui Poutine dans une interview accordée à l’hebdomadaire moscovite « Kommersant », le 10 mars dernier.