Le journaliste chinois Liu Hu a enfin été libéré sous caution après un an de détention. Cet heureux événement prouve la faiblesse du dossier d'accusation, monté de toutes pièces pour le faire taire.
Le journaliste Liu Hu a enfin été libéré sous caution, le 3 août 2014, après un an de détention. Cet heureux événement prouve la faiblesse du dossier d’accusation, monté de toutes pièces pour le faire taire.
Faute de trouver des éléments incriminants, la Chine se décide finalement à libérer un prisonnier innocent. Liu Hu, incarcéré depuis août 2013, a retrouvé la liberté sous caution le 3 août 2014. Il avait été formellement inculpé pour « diffamation » après 37 jours de détention pour « propagation de fausses rumeurs ». Journaliste travaillant pour le quotidien Modern Express (Xin Kuai Bao) de Guangzhou (Sud), il avait exhorté les autorités à enquêter sur Ma Zhengqi, le directeur adjoint de la Chambre de Commerce et d’Industrie et ancien maire adjoint de Chongqing, suspecté de « négligence » professionnelle. Son arrestation s’inscrivait dans le cadre de la « lutte contre les rumeurs », utilisée pour réprimer ceux qui mettent en cause des officiels corrompus malgré l’engagement réitéré du Parti communiste de lutter contre ce fléau. Le travail d’investigation de Liu Hu lui a valu l’acharnement des autorités, et sa désignation parmi les 100 « héros de l’information » de Reporters sans frontières.
« Nous nous réjouissons de la libération de Liu Hu, même si elle intervient 344 jours trop tard. La justice chinoise doit à présent abandonner toutes les charges pesant contre lui », déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de l’organisation. « Nous appelons les autorités à mettre un terme à leur acharnement contre les acteurs de l’information qui révèlent au grand jour des affaires de corruption ; et à libérer ceux qui demeurent emprisonnés, tels que Yin Yusheng, Dong Rubin, ou Xu Zhiyong. Le manque de preuves produites contre ces derniers montre bien la motivation politique se cachant derrière leur incarcération. »
L’avocat de Liu Hu, Zhou Ze, a annoncé sa libération, le 3 août, en expliquant que les autorités « n’avaient pas été en mesure de traiter son cas dans les délais impartis ». Il a ajouté que cette libération sous caution comportait sûrement certaines conditions. Le journaliste a quitté le centre de détention numéro 1 de Pékin, pour rejoindre son domicile de Chongqing.
Les médias chinois ont reçu pour consigne « de ne pas enquêter, rapporter, ou commenter la caution du reporter de Modern Express, Liu Hu ».
Au moins 30 journalistes et 75 netcitoyens demeurent emprisonnés en Chine, qui se positionne à la 175e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.