(RSF/IFEX) – Dans deux lettres adressées respectivement au ministre russe de la Justice, Youri Tchaïka, et au ministre russe de la Défense, Igor Sergueev, RSF a protesté contre la décision de la Cour suprême russe de renvoyer le journaliste Grigori Pasko devant un tribunal militaire. « Après deux années passées en prison sur la base d’accusations […]
(RSF/IFEX) – Dans deux lettres adressées respectivement au ministre russe de la Justice, Youri Tchaïka, et au ministre russe de la Défense, Igor Sergueev, RSF a protesté contre la décision de la Cour suprême russe de renvoyer le journaliste Grigori Pasko devant un tribunal militaire.
« Après deux années passées en prison sur la base d’accusations infondées, Grigori Pasko continue à faire l’objet d’une véritable persécution judiciaire. Cet acharnement des autorités dépasse l’entendement », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de
l’organisation. « Il serait inadmissible que Grigori Pasko soit une nouvelle fois incarcéré », a ajouté Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, la section militaire de la Cour suprême russe a fait connaître, le 21 novembre 2000, sa décision de renvoyer Pasko devant le tribunal militaire de Vladivostok. Le capitaine Pasko, journaliste pour le quotidien de la marine « Boevaya Vakhta », a été emprisonné le 20 novembre 1997. Le journaliste était accusé « d’avoir recueilli des secrets d’État dans le but de les transmettre à des organisations étrangères ». Alors correspondant de « Boevaya Vakhta » à bord du pétrolier russe TNT 27, Pasko avait filmé des scènes de déversement de déchets radioactifs liquides en mer du Japon. Ces images diffusées par la télévision japonaise NHK, sans l’accord du journaliste, avaient suscité de vives réactions au Japon. Pasko avait également écrit des articles sur la pollution entraînée par le quasi-abandon des sous-marins nucléaires de l’armée russe et l’implication du FSB (services secrets russes, ex-KGB) dans un trafic de déchets nucléaires.
En avril 1998, la mise en détention de Pasko avait été prolongée par le procureur militaire de la région de Vladivostok. Le 14 octobre 1999, son procès s’était ouvert, à huis clos, devant le tribunal militaire de Vladivostok. Ses avocats n’avaient pas eu le droit d’informer la presse sous peine d’être dessaisis du dossier. Le cas avait été porté devant la Cour suprême de Moscou.
RSF a rappelé que les informations diffusées à l’époque par le journaliste étaient de notoriété publique et ne pouvaient constituer des secrets d’État. La loi russe sur les médias stipule que « tout journaliste a le droit de chercher, demander, recevoir et diffuser de l’information » (article 47). Par ailleurs, aux termes des articles 41 et 42 de la Constitution russe, la rétention d’informations relatives à l’environnement ou à des catastrophes mettant en danger des vies humaines est une atteinte à la légalité, passible de poursuites.