Malgré les démarches entreprises par la famille du journaliste Habib Marouane Camara et l'avocat, les autorités judiciaires, notamment le tribunal de Dixinn, n'ont fourni aucune réponse claire.
Cet article a été initialement publié sur mfwa.org le 11 février 2025.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest condamne l’arrestation arbitraire du journaliste Habib Marouane Camara et demande des clarifications aux autorités guinéennes.
Deux mois après la disparition du journaliste Habib Marouane Camara, fondateur du site d’information Lerevelateur224.com, le mystère persiste autour de son sort.
Le 3 décembre 2024, à Conakry, ce journaliste influent sur les réseaux sociaux a été interpellé vers 20h au Carrefour KPC alors qu’il se rendait à un rendez-vous avec l’homme d’affaires Kerfalla Camara, selon des témoins.
D’après plusieurs sources, son véhicule a été stoppé de force, son pare-brise brisé, et il a été violemment agressé avant d’être emmené vers une destination inconnue. Aucune convocation ni mandat judiciaire n’a été présenté au moment de son arrestation. Depuis cet événement, aucune information officielle n’a été fournie sur le lieu où il est détenu ni sur les charges qui pourraient être retenues contre lui.
Le 4 décembre, son épouse, Mme Camara Mariama Lamarana Diallo, accompagnée de l’avocat et membre du WANAMDEL, Mr Salif Béavogui, a signalé sa disparition au tribunal de première instance de Dixinn. Profondément éprouvée et en fin de grossesse, Mme Camara a exprimé qu’elle est envahie par l’angoisse, l’incertitude et par la douleur insoutenable de voir ses enfants grandir sans leur père et exige la libération immédiate de son mari, selon une source.
Mr Salif Béavogui a dénoncé une arrestation illégale : « Le collectif d’avocats chargé de sa défense avait déjà alerté sur les menaces qui pesaient sur lui. Si des accusations existaient à son encontre, une simple convocation aurait suffi. Son enlèvement brutal et sa détention dans un lieu inconnu constituent une violation flagrante des principes d’un État de droit. »
Malgré les démarches entreprises par la famille et l’avocat, les autorités judiciaires, notamment le tribunal de Dixinn, n’ont fourni aucune réponse claire. Il a insisté : « Nous avons sollicité plusieurs services d’enquête, mais aucune information ne nous a été communiquée. Nous considérons M. Camara comme victime d’une arrestation arbitraire et réclamons sa libération immédiate. »
Le Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG) a entrepris plusieurs démarches pour retrouver un journaliste disparu. Une délégation menée par son secrétaire général, Sékou Jamal Pendessa, a rencontré le Premier ministre Amadou Oury Bah et le ministre des Transports Ousmane Gaoual Diallo, qui ont promis une enquête. Le syndicat a également sollicité des contacts à la Présidence pour plaider sa cause. Malgré ces efforts, l’enquête reste en suspens et aucune communication officielle n’a été faite à ce jour.
La Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) exprime sa vive inquiétude et appelle les autorités guinéennes à respecter les droits fondamentaux des journalistes. Elle exige que des clarifications soient apportées sur la situation de Habib Marouane Camara et réclame sa libération.