(JED/IFEX) – Guy Kasongo Kilembwe, rédacteur en chef de l’hebdomadaire satirique « Pot-Pourri », paraissant à Kinshasa, a été remis en liberté le jeudi 22 mars 2001 à 9h30 (heure locale). Le journaliste sort d’un cachot de l’Agence nationale de renseignements/Direction intérieure (ANR/DI, services secrets) à Kinshasa/Gombe, où il a été transféré la veille. Kasongo a été […]
(JED/IFEX) – Guy Kasongo Kilembwe, rédacteur en chef de l’hebdomadaire satirique « Pot-Pourri », paraissant à Kinshasa, a été remis en liberté le jeudi 22 mars 2001 à 9h30 (heure locale). Le journaliste sort d’un cachot de l’Agence nationale de renseignements/Direction intérieure (ANR/DI, services secrets) à Kinshasa/Gombe, où il a été transféré la veille.
Kasongo a été libéré après que des responsables de l’ANR lui ont fait signer, sous pression, une déclaration selon laquelle il prend « l’engagement solennel de ne plus écrire des articles hostiles au régime en place à Kinshasa ». Il lui a été également intimé l’ordre de présenter des excuses écrites au gouvernement.
D’après des informations parvenues à JED, Kasongo a été libéré sur ordre personnel de l’administrateur-directeur général de l’ANR, Didier Kazadi Nyembwe, qui a pu constater qu’il n’existait aucun dossier à charge du journaliste. Seulement, aucun document de libération ne lui a été remis à sa sortie du cachot.
Kasongo – qui s’est présenté, en compagnie de son épouse, au bureau de JED, immédiatement après sa mise en liberté – a fortement maigri, ne s’est jamais rasé depuis son arrestation et présente des signes de grande faiblesse. Il a témoigné qu’il avait été fortement flagellé lors de son transfert à l’ANR/DE (Direction extérieure) le 6 mars. Quelques jours plus tôt, alors qu’il était encore détenu dans un cachot des services spéciaux de la Police nationale congolaise (PNC), situés dans l’immeuble Kin-Mazière, à Kinshasa/Gombe, il avait reçu 50 coups de fouet sur le corps. Au cachot de l’ex-Hôtel Regina, à Kinshasa/Gombe, ses geôliers le fouettaient avec des lames métalliques tous les soirs.
Aux dires de son épouse, il a souffert de paludisme pendant sa détention à l’ANR/DE.
Pendant toute sa détention, les visites de ses proches lui étaient interdites.
Il a subi plusieurs menaces de mort.
JED constate qu’alors que le nouveau président du pays, Joseph Kabila, a ordonné la fermeture des cachots illégaux (c’est-à-dire ne dépendant pas des parquets de la République) et que le ministère de la Justice a diffusé dans les médias publics des reportages sur l’exécution effective de cette mesure, les lieux de détention de l’ANR sont toujours opérationnels.
Kasongo avait été arrêté le mercredi 28 février à Kinshasa. Le journaliste a affirmé à JED que les différents interrogatoires auxquels il a été soumis ont tourné autour de « la haine que le journal satirique porterait contre le ministre d’État en charge de l’Intérieur, Gaëtan Kakudji, alors que ce dernier est originaire de la même province du Katanga que lui ».