**Pour des informations supplémentaires sur le cas de Taoufik Ben Brick, consultez les alertes de l’IFEX des 19 et 8 octobre, 30 septembre, 12 juillet, 27, 25, 20 et 14 mai, 28 avril, 29 et 13 janvier 1999 et 24 juin 1998** (RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 3 avril […]
**Pour des informations supplémentaires sur le cas de Taoufik Ben Brick, consultez les alertes de l’IFEX des 19 et 8 octobre, 30 septembre, 12 juillet, 27, 25, 20 et 14 mai, 28 avril, 29 et 13 janvier 1999 et 24 juin 1998**
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF daté du 3 avril 2000:
Le journaliste indépendant Taoufik Ben Brick en grève de la faim
Reporters sans frontières dénonce le refus des autorités tunisiennes de délivrer un nouveau passeport au journaliste indépendant Taoufik Ben Brick. Correspondant de Reporters sans frontières, du quotidien français La Croix et des agences de presse Infosud et Syfia, Taoufik Ben Brick entame aujourd’hui, lundi 3 avril une grève de la faim pour protester contre le refus du ministère de l’Intérieur de lui délivrer un passeport.
Dans un pays où la liberté de la presse n’existe pas, Taoufik Ben Brick, qui travaille pour des médias étrangers, est une cible privilégiée du régime de Zine El Abidine Ben Ali qui a multiplié, ces derniers mois, les mesures d’intimidation contre le journaliste. Le 20 mai 1999, Taoufik Ben Brick a été agressé, devant son domicile, par trois policiers en civil armés d’un gourdin et de chaînes. Hospitalisé, il a dû garder des attelles au bras droit pendant un mois ce qui l’empêchait d’écrire. Cette agression a eu lieu au lendemain de la publication d’un article sur Khmaïs Ksila, vice-président de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme, dans le quotidien suisse Le Temps. Le 28 avril, alors qu’il s’apprêtait à s’envoler pour la Suisse, où il était invité au festival « Médias nord-sud », un douanier a déchiré subrepticement une page de son passeport et le lui a confisqué. Taoufik Ben Brick a dû renoncer à son voyage. Le 11 octobre, le beau-frère du journaliste est agressé par son voisin, sans raison apparente. La police refuse alors d’enregistrer la plainte. Le lendemain, le même voisin, fort de cette impunité, frappe à nouveau le parent du journaliste, jusqu’au sang cette fois, en plein jour et dans la rue. Sa soeur et ses deux filles, âgées de 12 et 7 ans ont, elles aussi, été brutalisées et insultées publiquement. Le 24 mars 2000, Taoufik Ben Brick, une nouvelle fois invité par le festival « Médias nord-sud », a adressé une lettre au ministre de l’Intérieur pour demander qu’on lui remette un passeport. La réponse du ministère ne s’est pas fait attendre : quatre jours plus tard, sa ligne téléphonique était coupée…
Menaces téléphoniques anonymes, coupures de ses lignes de téléphone et de fax, surveillance policière de son domicile, voiture vandalisée, injures et pressions lors d’interrogatoires au ministère de l’Intérieur, tel est le lot quotidien du journaliste. En septembre 1999, Taoufik Ben Brick témoignait de son calvaire : « Les mille yeux qui épient, scrutent et vérifient, vous objectivisent. Vous devenez l’objet sur lequel ils s’appliquent au service d’une monstrueuse machinerie. On se sent impuissant face à eux. Ils savent qu’ils ont la force de leur côté (Å ) Même si vous n’avez pas peur, pouvez-vous rester serein et détendu lorsque les flics s’agrippent à vous comme des tiques? Peut-on vivre dans l’adversité au quotidien sans sombrer dans la psychose? ».
Aujourd’hui, à l’image d’autres défenseurs des droits de l’homme en Tunisie comme Sihem Ben Sédrine et Fatma Ksila qui ont débuté, elles aussi, une grève de la faim le 28 mars, Taoufik entend exprimer sa révolte contre le régime policier du président Ben Ali. Reporters sans frontières demande aux autorités tunisiennes de mettre un terme définitif au harcèlement dont font l’objet Taoufik Ben Brick et ses proches. Et de lui délivrer, dans les plus brefs délais, un passeport afin que le journaliste puisse enfin voyager et exercer son métier librement.