(AMARC/HRinfo/WPFC/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de trois membres de l’IFEX-TMG daté du 24 avril 2006: Le gouvernement tunisien ne respecte pas ses engagements suite à la deuxième phase du SMSI Près de cinq mois se sont écoulés depuis la tenue du Sommet mondial sur la société de l’information à Tunis en novembre 2005. […]
(AMARC/HRinfo/WPFC/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de trois membres de l’IFEX-TMG daté du 24 avril 2006:
Le gouvernement tunisien ne respecte pas ses engagements suite à la deuxième phase du SMSI
Près de cinq mois se sont écoulés depuis la tenue du Sommet mondial sur la société de l’information à Tunis en novembre 2005. Les atteintes aux libertés individuelles persistent en Tunisie, et ce malgré l’engagement des autorités de ce pays à garantir la liberté d’expression à ses citoyens, comme le prévoient les conventions et traités internationaux dont la Tunisie est signataire.
Une mission du Groupe d’observation de la Tunisie (TMG, Tunisia Monitoring Group), formé au sein de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX) et réunissant trois organisations non gouvernementales, a rencontré du 18 au 22 avril 2006 plusieurs représentants du gouvernement et membres de la société civile tunisienne dans le but de leur exprimer certaines inquiétudes. La mission visait à vérifier l’état des libertés de la presse, d’expression et d’association, et à aborder plusieurs enjeux liés aux droits de la personne. D’ailleurs, les membres de la mission publieront sous peu un rapport de suivi à ce sujet.
« Depuis le SMSI, la liberté d’expression reste fortement réprimée en Tunisie. Le gouvernement tunisien a non seulement été incapable d’améliorer la situation de manière significative, mais il applique de nouvelles restrictions aux défenseurs des droits de la personne, aux juges et à certains journalistes indépendants » indique Francesco Diasio, de l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC). Même si le journaliste Hamdi Jebali a été libéré, comme l’ont aussi été les jeunes internautes de Zarzis, ces personnes sont encore soumises à un harcèlement constant et se voient refuser le droit de travailler.
Alors que l’on note désormais une couverture équilibrée des enjeux locaux dans certains journaux à faible tirage – ce qui en soi constitue un fait sans précédent – on a constaté en revanche que la couverture des événements proposée par la presse officielle à grand tirage demeure biaisée. Les journalistes que nous avons interviewés affirmaient ainsi que l’autocensure, résultat de l’intimidation et des pressions exercées par les autorités, est encore très répandue.
Les organisations – même celles qui jouissent d’une reconnaissance officielle – subissent le harcèlement de policiers en civil, un fait dont les membres de la mission ont été directement témoins à plusieurs reprises. On empêche souvent les activistes de l’opposition de se rendre à des réunions et rencontres. Par ailleurs, ces activistes ont dit faire l’objet d’une surveillance constante, leurs modes de communication et leurs sites Web étant invariablement contrôlés et/ou bloqués.
La mission s’est fait refuser une rencontre avec le prisonnier d’opinion Mohammed Abbou – incarcéré pour avoir publié ses opinions dans l’Internet. Des officiels du gouvernement ont indiqué à la mission que la visite prévue à Abbou était illégale. Cependant, des membres de la mission du TMG ont accompagné l’épouse d’Abbou, Samia Abbou, lors de son voyage hebdomadaire à El-Kef, à 170 km au sud-ouest de la capitale, Tunis. Après trois heures de route, Madame Abbou a pu passer quinze minutes en compagnie de son mari, alors que ses visites précédentes étaient limitées à deux minutes. Elle a également été harcelée à répétition pour avoir dénoncé l’emprisonnement de son époux. Mohammed Abbou, quant à lui, a mis un terme à la grève de la faim qu’il avait entamée le 11 mars pour protester contre ses conditions de détention, malgré le harcèlement dont il fait l’objet du fond de sa cellule, et malgré l’absence du moindre matelas sur lequel dormir.
Les représentants du gouvernement tunisien ont déclaré à maintes reprises que M. Abbou et plusieurs autres représentent une « menace à l’ordre public », mais la mission s’inquiète du caractère arbitraire de l’emprisonnement d’activistes de l’opposition que les autorités jugent menaçants.
« Les circonstances de ces arrestations soulèvent de sérieuses questions quant à l’intégrité du gouvernement tunisien », selon Sally Sami, coordinatrice de programme de l’organisation Arabic Network for Human Rights Information (HRinfo), basée au Caire.
Au cours d’une rencontre avec un officiel du gouvernement tunisien, Mark Bench, directeur exécutif du World Press Freedom Committee (WPFC), basé à Washington, a demandé au nom de la mission la libération immédiate d’Abbou, ainsi que des excuses officielles pour les mauvais traitements qu’il a subis.
La mission a également pris note du harcèlement croissant d’avocats et de juges faisant preuve d’indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif. « Un tel harcèlement est inacceptable, compte tenu du fait que la démocratie repose avant tout sur un pouvoir judiciaire indépendant » ajoute Diasio.
Les résultats de la cinquième mission de l’IFEX TMG depuis janvier 2005 seront bientôt publiés dans un rapport complet, disponible en ligne dans le site Web de l’IFEX. Deux rapports antérieurs du TMG peuvent être consultés à http://campaigns.ifex.org/tmg (anglais), http://campaigns.ifex.org/fr_index.html (français) et http://hrinfo.net/ifex/wsis (arabe).
Les membres du TMG sont:
Arabic Human Rights Information Network (HRinfo), Égypte
ARTICLE 19, Royaume-Uni
Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE), Canada
Egyptian Organization for Human Rights (EOHR), Égypte
Index on Censorship, Royaume-Uni
Fédération internationale des journalistes (FIJ), Belgique
Fédération internationale des associations de bibliothécaires et d’institutions (IFLA),
Pays-Bas
International Publishers’ Association (IPA), Suisse
Journaliste en danger (JED), République démocratique du Congo
Media Institute of Southern Africa (MISA), Namibie
PEN – Norvège, Norvège
Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), Canada
Association mondiale des journaux (AMJ), France
World Press Freedom Committee (WPFC), États-Unis
Comité des écrivains emprisonnés de PEN International (WiPC) , Royaume-Uni
Actions recommandées:
– Écrire à Bechir Tekari, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, pour réclamer la libération de Mohammed Abbou et des autres Tunisiens emprisonnés pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions, à l’adresse mju@ministeres.tn , en transmettant une copie des lettres à l’adresse netwo@intercom.tn