(RSF/IFEX) – RSF dénonce le caractère illégal et contraire aux normes juridiques internationales de la condamnation en appel du journaliste Mohsen Sazgara à un an de prison ferme. L’organisation s’insurge également contre la détention arbitraire, depuis 9 mois, de trois journalistes. Alors qu’il était en déplacement à l’étranger pour recevoir des soins médicaux urgents, Sazgara […]
(RSF/IFEX) – RSF dénonce le caractère illégal et contraire aux normes juridiques internationales de la condamnation en appel du journaliste Mohsen Sazgara à un an de prison ferme. L’organisation s’insurge également contre la détention arbitraire, depuis 9 mois, de trois journalistes.
Alors qu’il était en déplacement à l’étranger pour recevoir des soins médicaux urgents, Sazgara a appris par son avocat, le 8 mars 2004, que son procès en appel avait eu lieu. « Cette procédure est une fois de plus totalement illégale. Les autorités iraniennes m’ont autorisé à sortir du territoire et ont attendu que je ne sois plus en Iran pour annoncer cette soi-disant condamnation, sans avocat ni condamné au procès. Je compte rentrer en Iran dès que possible pour répondre à cette mascarade » , a déclaré Sazgara à RSF.
Sazgara a été emprisonné le 15 juin et libéré sous caution (6 milliards de rials, soit environ 710 000 $US ; 580 000 euros), le 6 octobre 2003. Une semaine avant sa libération, il avait été inculpé pour « atteinte à la sécurité nationale », « insulte au Guide de la République » et « propagande contre l’Etat », et condamné à une peine d’un an de prison ferme. Au cours de 110 jours d’emprisonnement, il a observé deux grèves de la faim de 56 et 23 jours, pour protester contre le caractère répressif du pouvoir.
Il est l’un des fondateurs de la presse réformatrice. Il a été le directeur de publication des quotidiens « Jameh », « Neshat » et « Tous », aujourd’hui suspendus, et le créateur du site http://www.alliran.net (fermé après son arrestation). Analyste politique courageux, il n’a pas hésité à écrire que « l’expérience de ces cinq dernières années montre que le pouvoir religieux ne peut être réformé, et ne peut être efficace ». Il a également osé qualifier de « dictatorial » le pouvoir du Guide de la République, l’ayatollah Khamenei, ce qui lui a valu plusieurs séjours dans les geôles iraniennes.
La veille de l’arrestation de Sazgara, le 14 juin, trois autres journalistes – Taghi Rahmani, de l’hebdomadaire « Omid-e-Zangan », Reza Alijani, rédacteur en chef du mensuel « Iran-e-Farda » et lauréat du prix RSF – Fondation de France 2001, et Hoda Saber, un des dirigeants de « Iran-e-Farda » – ont été incarcérés « pour avoir tenu des réunions secrètes avec des étudiants ». Détenus pendant des mois en isolement, privés de visite de leurs avocats et de leurs familles, ils ont dépassé depuis le 6 décembre le délai légal de détention provisoire.
Narges Mohammadi, l’épouse de Rahmani, a témoigné de son désarroi face à cette situation qui viole les principes les plus élémentaires du droit. « Ils sont illégalement en prison, sans chef d’accusation, sans condamnation et sans procès. Quand nous essayons d’obtenir des informations sur leur dossier, personne n’accepte de nous répondre et leurs avocats n’ont même pas accès aux dossiers », a-t-elle déclaré à RSF.
L’organisation condamne, par ailleurs, la poursuite des pressions exercées sur la presse, avec la suspension de l’hebdomadaire « Kalam-e Moalem », accusé d’avoir publié des informations relatives à un important mouvement de grève du corps enseignant, et de l’hebdomadaire « Vaght » pour « atteinte au bonnes moeurs ». Le directeur de ce dernier, Shahram Mohammad Nia, a été condamné à six mois de prison avec sursis.
Avec 11 journalistes sous les verrous, l’Iran est la plus grande prison de journalistes du Moyen-Orient.