(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, RSF a demandé à Paolo Tjipilica d’intervenir auprès des autorités compétentes afin que Rafael Marques, journaliste indépendant, soit autorisé à se rendre à l’étranger où il doit recevoir un prix décerné par une organisation professionnelle de journalistes. Après avoir rappelé que c’est la troisième […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, RSF a demandé à Paolo Tjipilica d’intervenir auprès des autorités compétentes afin que Rafael Marques, journaliste indépendant, soit autorisé à se rendre à l’étranger où il doit recevoir un prix décerné par une organisation professionnelle de journalistes. Après avoir rappelé que c’est la troisième fois que ce journaliste se voit refuser le droit de quitter l’Angola, Robert Ménard, le secrétaire général de l’organisation, « s’est inquiété du harcèlement dont est victime Rafael Marques », s’étonnant que Marques ne bénéficie pas du même traitement que trois autres journalistes également poursuivis en justice et qui ont pu, récemment, se rendre à l’étranger. Enfin, RSF a fait remarquer au ministre que Marques attend toujours son jugement en appel alors que la loi angolaise stipule qu’entre le dépôt d’un recours et le second jugement, il ne doit pas s’écouler plus de quarante-cinq jours.
Selon les informations recueillies par RSF, Marques s’est vu refuser, le 8 août 2000, le droit de quitter l’Angola pour se rendre aux États-Unis, où il devait recevoir le prix Percy Qoboza, décerné par l’Association des journalistes noirs américains. Les autorités judiciaires lui ont interdit de quitter le territoire, prétextant qu’il a présenté un recours à la suite de sa condamnation, le 31 mars, par le tribunal de première instance de Luanda, à six mois de prison avec sursis et à 100 000 kwanzas ((8 665 $US, 9 500 euros) d’amende pour « diffamation » envers le chef de l’État, José Eduardo dos Santos. Selon les autorités, le journaliste ne pourra pas quitter l’Angola tant que la Cour suprême ne se sera pas prononcée.
Rafael Marques a été condamné pour avoir publié, le 3 juillet 1999, dans l’hebdomadaire privé Agora, un article intitulé « Le bâton de la dictature » dans lequel il accusait le chef de l’État dos Santos d’être l’un des responsables de la destruction du pays et de la corruption qui règne en Angola. Poursuivi pour « injure et diffamation envers le président de la République et le procureur général de la République », Marques a été détenu du 16 octobre au 25 novembre 1999. Ayant bénéficié d’une mise en liberté conditionnelle, le journaliste ne pouvait, dans l’attente de son procès, ni écrire dans la presse, ni faire de déclarations publiques, ni quitter la capitale angolaise. Le 19 janvier 2000, le journaliste a été menacé par un député du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola, (MPLA, parti au pouvoir), Mendes de Carvalho, « de ne pas atteindre l’âge de quarante ans » s’il continuait à critiquer dans ses articles le président de la République. Un mois après ces menaces, Marques a été empêché de se rendre à Washington. Le 19 juin, Marques est de nouveau interdit de quitter le territoire angolais, alors qu’il souhaitait assister à une conférence internationale en Afrique du Sud.
RSF a précisé que trois journalistes actuellement poursuivis devant les tribunaux, William Tonet, directeur de publication de « Folha 8 », Gustavo Costa, correspondant de l’hebdomadaire portugais « L’Expresso » et Aguiar Dos Santos, directeur de l’hebdomadaire « Agora », ont récemment pu quitter le territoire angolais.