(RSF/IFEX) – Le tribunal de Bakou a condamné Rauf Arifoglu, rédacteur en chef du principal quotidien d’opposition du pays, « Yeni Musavat », et vice-président du parti d’opposition Musavat, à cinq ans de prison pour « trouble à l’ordre public » et » refus d’obtempérer « . Il est détenu depuis le 27 octobre 2003. « Nous sommes abasourdis par […]
(RSF/IFEX) – Le tribunal de Bakou a condamné Rauf Arifoglu, rédacteur en chef du principal quotidien d’opposition du pays, « Yeni Musavat », et vice-président du parti d’opposition Musavat, à cinq ans de prison pour « trouble à l’ordre public » et » refus d’obtempérer « . Il est détenu depuis le 27 octobre 2003.
« Nous sommes abasourdis par ce verdict d’une extraordinaire sévérité. Le gouvernement de Ilham Aliev avait promis un procès transparent et équitable, ce qui n’a pas été le cas. De nombreuses organisations de défense des droits de l’homme, ainsi que l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, ont réclamé la libération de Rauf Arifoglu, dont la détention provisoire a duré près d’un an. Force est de constater que les autorités azerbaïdjanaises ne respectent pas leurs engagements internationaux. Si la justice ne revenait pas sur ce verdict en appel, l’image du pays s’en trouverait profondément altérée », a déclaré RSF.
Le procès de Arifoglu, ainsi que celui de six autres leaders de l’opposition, a débuté le 7 mai 2004. Il était accusé d’avoir organisé les émeutes qui ont agité le pays à la suite de l’élection présidentielle contestée du 15 octobre 2003. Poursuivi pour « trouble à l’ordre public » et « refus d’obtempérer », il encourait une peine de sept ans de prison. Les six autres inculpés ont également été reconnus coupables et ont écopé de lourdes peines.
L’avocat de Arifoglu, Samed Panahov, avait dénoncé des irrégularités au cours du procès et l’absence de preuves contre son client. Selon lui, l’état de santé du journaliste, qui souffre d’un ulcère à l’estomac, s’est détérioré pendant sa détention, notamment après une grève de la faim de dix jours.
Dès le mois d’octobre, RSF avait demandé aux autorités la mise en liberté provisoire de Arifoglu dans l’attente de son jugement. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) avait fait de même, sans succès. Au contraire, la durée de sa détention provisoire avait été prolongée à plusieurs reprises par le parquet général.
Le 29 décembre, le président Aliev avait gracié 160 prisonniers, dont plus d’un tiers étaient des détenus politiques. La présidence de l’Union européenne avait salué ce geste mais elle avait toutefois exprimé son inquiétude pour le sort des personnes arrêtées à la suite des troubles des 15 et 16 octobre. Elle avait demandé que celles-ci fassent rapidement l’objet d’un procès équitable et transparent, ou soient libérées.
Au cours de sa session d’automne 2004, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe avait voté une résolution réclamant la libération ou l’amnistie des sept leaders de l’opposition et de 33 autres personnes inculpées après les événements d’octobre 2003.