(RSF/IFEX) – Sakit Mirza Zahidov, journaliste du quotidien d’opposition « Azadlig », a entamé une grève de la faim le 25 juillet 2006. Détenu à la prison de Bayil, le journaliste refuse de s’alimenter pour protester contre son incarcération. Ses enfants, très inquiets pour sa santé, lui ont demandé de cesser son jeûne. Il s’y refuse. Cette […]
(RSF/IFEX) – Sakit Mirza Zahidov, journaliste du quotidien d’opposition « Azadlig », a entamé une grève de la faim le 25 juillet 2006. Détenu à la prison de Bayil, le journaliste refuse de s’alimenter pour protester contre son incarcération. Ses enfants, très inquiets pour sa santé, lui ont demandé de cesser son jeûne. Il s’y refuse. Cette grève de la faim intervient alors que son Comité de soutien a révélé de très nombreuses irrégularités dans l’enquête officielle.
« Alarmée par les conséquences de cette grève de la faim sur la santé du journaliste, nous demandons aux autorités judiciaires et carcérales azéries une attention toute particulière au cas de Sakit Mirza Zahidov. Nous demandons la libération du journaliste jusqu’à la tenue de son procès car il souffre de problèmes cardiaques », a déclaré Reporters sans frontières.
« Afin d’écarter toute erreur judiciaire dans cette affaire, nous demandons également qu’une enquête indépendante soit menée sur l’action de la police, le prévenu ayant toujours farouchement nié être un narcotrafiquant », a ajouté l’organisation.
Sakit Mirza Zahidov a été arrêté, le 23 juin 2006 par des agents du département de la lutte antidrogue du ministère de l’Intérieur. Il est incarcéré en vertu de l’article 234.4.3 du Code pénal pour « achat d’une grande quantité de drogue dans le but de la revendre ». La police aurait trouvé dans sa poche, lors de son interpellation, 10 grammes d’héroïne. Zahidov a toujours accusé la police de l’avoir glissé à son insu.
Des membres de la rédaction du journal « Azadlig » ont créé un Comité de soutien pour obtenir sa libération. A sa tête, Emin Huseynov, ancien correspondant de l’agence Turan, à la santé très fragile depuis qu’il a été agressé par des policiers le 15 octobre 2003.
Le Comité a mené une enquête parallèle et dénonce un grand nombre d’irrégularités dans la procédure. Le Comité s’étonne tout d’abord que le chauffeur de taxi qui conduisait Zahidov au moment de son arrestation n’ait pas été entendu comme témoin ; ou encore qu’aucune fouille, à la date du 26 juillet 2006, n’ait été menée dans le bureau ou l’appartement du journaliste. De même, aucun acheteur ou revendeur de drogues susceptible d’avoir été en contact avec Zahidov n’a été trouvé. Le Comité soutient que l’affaire Zahidov est fabriquée de toutes pièces.
Bien qu’aucune preuve n’ait été fournie par l’accusation attestant que le prévenu soit un revendeur de drogue, l’accusation continue à vouloir l’accuser sur la base d’une expertise signée par des médecins du Centre Républicain de Drogue (RDC). Dans cette note, il est stipulé que le journaliste n’est dépendant d’aucun narcotique et serait donc un trafiquant.
L’enquête officielle a affirmé que Zahidov avait des traces de drogue dans le sang, puis que le prévenu avait en en réalité passé un test d’urine qui confirmait la présence de drogue. Aucun résultat écrit n’a été fourni. Certains membres du Comité ont passé un test de drogue. L’expert en narcotique leur a expliqué que les tests sanguins ne sont pas d’usage en Azerbaïdjan. Seul des tests d’urine sont pratiqués. Les membres du Comité ont découvert que le nom de Zahidov ne figurait pas sur la liste des gens ayant subi ce test. Le service de presse du ministère de la Santé a refusé de communiquer sur ce sujet.
Au vu de toutes ces incohérences, le Comité a lancé un appel au ministère de la Sécurité nationale, au Procureur général, au ministère de la Santé et au Président de la République afin d’obtenir la libération du journaliste.
À ce jour, aucun officiel n’a répondu aux appels du Comité.
La date du procès n’est toujours pas connue. D’après l’avocat du journaliste, Eltchine Gambarov, le prévenu risque jusqu’à douze ans de prison.
Sakit Zahidov est connu pour ses articles dans lesquels il fustige les représentants de l’Etat, les députés et les chefs religieux.