(RSF/IFEX) – RSF est très inquiète pour l’intégrité physique du journaliste Saleem Samad après que le gouvernement a décidé de le transférer dans le plus grand secret vers la prison de Gazipur (nord de Dhaka). Le journaliste a été arrêté, il y a plus d’un mois, pour avoir travaillé avec des journalistes de la chaîne […]
(RSF/IFEX) – RSF est très inquiète pour l’intégrité physique du journaliste Saleem Samad après que le gouvernement a décidé de le transférer dans le plus grand secret vers la prison de Gazipur (nord de Dhaka). Le journaliste a été arrêté, il y a plus d’un mois, pour avoir travaillé avec des journalistes de la chaîne anglaise Channel 4.
« Les journaux islamistes et conservateurs ont beau abreuver leurs lecteurs de fausses révélations sur l’existence d’une conspiration internationale contre le Bangladesh, le gouvernement est incapable d’avancer le début d’une preuve contre Saleem Samad. L’état de droit doit être respecté et notre correspondant doit être libéré comme l’exige la Haute Cour de justice », a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Altaf Hossain Chowdhury, RSF s’est interrogée : « Comment votre gouvernement peut-il accuser Saleem Samad, qui est à la fois correspondant d’un quotidien pakistanais, ‘Daily Times’, et du site d’information indien Tehelka.com, harcelé par le gouvernement de New Delhi, d’être un agent des services secrets indiens au service d’un complot contre le Bangladesh ? Ces accusations ne tiennent pas ».
La famille de Samad a informé RSF que le journaliste a été transféré dans le plus grand secret, le 1er janvier 2003, de la prison de Dhaka à celle de Gazipur (soixante kilomètres au nord de Dhaka). Ses proches et son avocat n’ont pas pu le voir depuis une semaine. Les autorités n’ont par ailleurs pas confirmé cette décision.
Dans le même temps, le gouvernement doit répondre le 7 janvier à une demande de la Haute Cour de justice de révéler les raisons de la détention prolongée de Samad en vertu de la loi sur les pouvoirs spéciaux (Special Powers Act). Mais la police et les services secrets semblent être incapables de réunir des preuves contre Samad.
La Haute Cour a déjà accordé à Samad, le 24 décembre 2002, une libération sous caution que le gouvernement n’a pas exécutée. Au contraire, le gouvernement a tenté, le 31 décembre, d’obtenir d’un juge que Samad soit de nouveau transféré dans les locaux de la police pour de nouveaux interrogatoires. Lors de sa première garde à vue, le correspondant de RSF a été torturé par les policiers.
Par ailleurs, des journaux islamistes, notamment les quotidiens « Inqilab » et « Sangram », continuent de mettre en cause Samad et d’autres journalistes dans un « complot international » contre le Bangladesh. Ainsi, les quotidiens « Sangram », « Inqilab » et « Manavzamin » ont publié, le 31 décembre, un article identique sur un « complot international » mené par l’équipe de la chaîne Channel 4, notamment Samad, et les services secrets indiens.
Des centaines de journalistes ont déjà signé la pétition en faveur de Samad sur le site Internet www.rsf.org. De nombreuses demandes de libération de Samad, notamment de Channel 4, ont été envoyées au gouvernement. Amnesty International a par ailleurs lancé une initiative mondiale en faveur du journaliste.