**Mise à jour des alertes de l’IFEX des 6 et 4 avril 2000. Pour des renseignements complémentaires sur le cas de Taoufik Ben Brick, consultez les alertes de l’IFEX des 19 et 8 octobre, 30 septembre, 12 juillet, 27, 25, 20 et 14 mai, 28 avril, 29 et 13 janvier 1999 et 24 juin 1998** […]
**Mise à jour des alertes de l’IFEX des 6 et 4 avril 2000. Pour des renseignements complémentaires sur le cas de Taoufik Ben Brick, consultez les alertes de l’IFEX des 19 et 8 octobre, 30 septembre, 12 juillet, 27, 25, 20 et 14 mai, 28 avril, 29 et 13 janvier 1999 et 24 juin 1998**
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF:
10 avril 2000 : diffusion immédiate
Le journaliste Taoufik Ben Brick, en grève de la faim depuis une semaine, entendu une seconde fois par le juge
Cela fait une semaine que le journaliste indépendant Taoufik Ben Brick est en grève de la faim à Tunis, dans les bureaux de la maison d’édition Aloès. Correspondant de Reporters sans frontières, du quotidien français La Croix et des agences de presse Infosud et Syfia, Taoufik Ben Brick a commencé sa grève de la faim le 3 avril pour protester contre le refus du ministère de l’Intérieur de lui délivrer un passeport.
Lundi 10 avril, c’est amaigri et affaibli qu’il a comparu, une seconde fois, devant le doyen des juges d’instruction, Noureddine Ben Ayed. Le journaliste et membre du Comité National des Libertés en Tunisie (CNLT) est poursuivi pour deux articles publiés dans des médias étrangers. Le premier, publié dans le quotidien suisse Le Courrier puis repris par l’hebdomadaire français Courrier International, portait sur le livre de Nicolas Beau et Jean-Pierre Tuquoi « Notre ami Ben Ali ». Le second, publié par le quotidien suisse La Tribune de Genève, relatait les récentes intimidations et menaces dont a été l’objet Sihem Ben Sedrine, directrice de la maison d’édition Aloès. Poursuivi pour « diffusion de fausses nouvelles de nature à troubler l’ordre public » et de « diffamation de corps constitué », Taoufik Ben Brick est passible de six ans de prison.
Dans un pays où la liberté de la presse n’existe pas, Taoufik Ben Brick est une cible privilégiée du régime de Zine El Abidine Ben Ali qui a multiplié, ces derniers mois, les mesures d’intimidation contre le journaliste. Menaces téléphoniques anonymes, coupures de ses lignes de téléphone et de fax, surveillance policière de son domicile, voiture vandalisée, agressions physiques, confiscation de son passeport, c’est ce qu’a dû endurer le journaliste durant ces dernières années. Le 24 mars 2000, Taoufik Ben Brick, invité par le festival « Médias nord-sud », avait adressé une lettre au ministre de l’Intérieur pour demander qu’on lui remette un passeport. La réponse du ministère ne s’est pas fait attendre : quatre jours plus tard, sa ligne téléphonique était coupée…
La situation de la liberté d’expression en Tunisie a été dénoncée, la semaine dernière, à l’occasion de la 56ème session de la commission des droits de l’homme des Nations unies. Le rapporteur spécial sur la liberté d’opinion et d’expression, Abid Hussain, qui a rendu public un rapport sur ce sujet, affirmait le 6 avril : « La Tunisie a récemment fait des progrès considérables mais elle a encore un long chemin à parcourir (Å ) pour adopter des mesures visant à renforcer les protections des droits de l’homme, et en particulier, le droit à la liberté d’expression ».
Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, s’est rendu, le 9 avril, à Tunis pour participer à une réunion publique non autorisée sur le thème de la liberté d’expression. En présence des membres du comité de soutien à Taoufik Ben Brick et d’une centaine de personnes, il a vivement condamné la position des autorités tunisiennes: « Il est inadmissible que, dans un pays comme la Tunisie qui se vante d’être une démocratie, un journaliste soit encore contraint de faire une grève de la faim pour la simple obtention de son passeport! ».
Reporters sans frontières exhorte, une nouvelle fois, les autorités tunisiennes à mettre un terme au harcèlement dont font l’objet Taoufik Ben Brick et ses proches. Et de lui délivrer, dans les plus brefs délais, un passeport afin que le journaliste puisse enfin voyager et exercer son métier librement.