(JED/IFEX) – Dans une lettre datée du 23 novembre 2000 et adressée au Ministre congolais des droits humains, Kakez Ekir Kaz-Azama, avec copies à toutes les organisations nationales et internationales de défense des droits humains et de la liberté d’expression, Polydor Muboyayi Mubanga, éditeur du quotidien « Le Phare », se plaint du harcèlement dont sont l’objet […]
(JED/IFEX) – Dans une lettre datée du 23 novembre 2000 et adressée au Ministre congolais des droits humains, Kakez Ekir Kaz-Azama, avec copies à toutes les organisations nationales et internationales de défense des droits humains et de la liberté d’expression, Polydor Muboyayi Mubanga, éditeur du quotidien « Le Phare », se plaint du harcèlement dont sont l’objet l’éditeur-directeur responsable, ses journalistes ainsi que leurs membres de familles respectives.
L’éditeur du « Phare » écrit notamment que « l’extrême gravité des accusations (mensongères) portées contre nous par le premier responsable de la communication de l’Etat nous autorise à craindre beaucoup pour notre sécurité et celle de nos familles, ainsi que pour la garantie de la liberté d’expression à laquelle notre journal, à l’instar des autres confrères, est en droit de prétendre ».
En effet, selon la même lettre, le 17 novembre, intervenant au Premier séminaire scientifique des Facultés catholiques de Kinshasa sur le thème « Pour quelle communication politique de paix en RDC : réalités, contraintes et perspectives », Dominique Sakombi Inongo, Ministre de la communication, s’en est violemment pris au journal « Le Phare », le qualifiant « d’être le complice des génocidaires ». Pour étayer son accusation, le ministre de la communication a dit que l’article intitulé « Kabila lance sa DSP », publié par « Le Phare » il y a de cela plus de trois ans (le 5 septembre 1997), et qui avait valu à son éditeur trois mois de prison ferme et six mois de clandestinité à l’auteur de l’article, était destiné à James Kabarehe (actuel chef d’état-major de l’armée rwandaise) et aux Rwandais et Ougandais « qui préparaient déjà l’agression contre la République démocratique du Congo ». Kabarehe a été chef d’état-major des Forces armées congolaises (FAC) à l’avènement de Laurent-Désiré Kabila et il a commandé les troupes rebelles du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie) qui ont pris, en août 1998, la ville de Matadi à partir de l’aéroport de Kitona.
Depuis mi-novembre, le ministre de la communication a instauré à la chaîne publique RTNC (Radiotélévision nationale congolaise) des éditoriaux incendiaires proches des appels au meurtre à l’encontre des journaux « Le Phare » et « Le Potentiel », qui osent critiquer l’action du gouvernement.
JED condamne énergiquement la stratégie de diabolisation systématique de toute pensée contraire à celle du gouvernement qu’utilise, comme à l’époque de la toute puissance du Parti unique, le nouveau ministre de la communication, et qui rappelle « les années de gloire » du mobutisme, dont on évalue encore, à ce jour, le désastre pour le pays et pour les congolais.