Les employés de Radio Fahazavana sont accusés d'avoir incité la population à la révolte et à la rébellion.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières salue la remise en liberté, le 8 septembre 2010, des six journalistes, deux techniciens et deux gardiens de Radio Fahazavana, incarcérés depuis le 27 mai 2010, à la prison centrale d’Antanimora, mais condamne la décision prise, le même jour, par le gouvernement malgache, de suspendre jusqu’à nouvel ordre les émissions de la radio Mahafaly.
« Nous sommes soulagés de savoir enfin les membres de Radio Fahazavana libres et proches des leurs. Alors que l’instruction de leur dossier doit s’ouvrir ce mois-ci, nous réitérons notre appel en faveur de la tenue d’un procès équitable, à l’abri de possibles pressions politiques. Nous déplorons en effet que le climat politique actuel, opposant les responsables de la transition et les leaders de l’opposition, continue de rejaillir sur les médias. La mesure prise à l’encontre de la radio Mahafaly, proche de l’opposition, semble en être une illustration flagrante », a déclaré l’organisation.
Le 8 septembre 2010, la rédactrice en chef de Radio Fahazavana, Josiane Ranaivo, cinq journalistes, Lolo Ratsimba, Jaona Raôly, Tiana Maharavo, Philémon Raveloarison, et Tiburce Soavinarivo, ainsi que quatre autres employés ont tous bénéficié d’une libération provisoire après avoir passé 110 jours en détention. Accusés d’avoir incité la population à la révolte et à la rébellion au cours de la journée du 20 mai, théâtre d’une mutinerie des gendarmes du camp Fort-Duchesne, les membres de la radio avaient été arrêtés le soir même par des militaires.
Le même jour que la libération du personnel de Radio Fahazavana, la radio Mahafaly, émettant à Antsirabe (centre du pays), a été frappée d’une mesure de suspension d’émission « jusqu’à nouvel ordre ». En collaboration avec les forces de l’ordre locales, une délégation du ministère de la Communication s’est rendue sur place afin de faire exécuter la décision de fermeture. Aucun matériel n’a été saisi et l’accès à la radio n’a pas été interdit. Les journalistes peuvent continuer de travailler, mais l’accès à l’antenne leur est refusé.
Les responsables de la radio ne comprennent pas les raisons qui ont poussé le gouvernement à ordonner cette suspension : « Nous sommes en règle vis-à-vis de l’État. Après une période d’essai depuis 2009, nous avons obtenu une licence en bonne et due forme en mai 2010 », a déclaré le responsable de la radio, Mamy Andrianjafisolo, à Reporters sans frontières, voyant plutôt dans cette suspension le fruit de manœuvres politiques. Cette radio appartient à la commune urbaine d’Antsirabe, dont la maire, Olga Ramalason, est proche de l’ancien président Marc Ravalomanana.
Enfin, le 27 août, la radio Soatalily émettant à Tuléar (sud du pays), antenne locale de la Radio nationale malgache (RNM), a été saccagée par des militants anti-transition contestant l’absence de représentation des leaders de l’opposition dans les médias publics. Certains bureaux ont été dévalisés et du matériel d’enregistrement a été détruit. Le 7 septembre, la radio Varatraza, antenne de la RNM à Antsiranana (nord de Madagascar) a failli connaître le même sort. Des inconnus ont tenté sans succès d’incendier l’émetteur de la station. Seule la tête de l’émetteur a été brûlée.
« Alors que la conférence nationale pour la sortie de crise doit s’ouvrir le 13 septembre, nous appelons les différentes mouvances politiques à agir en faveur du respect de la liberté de la presse à Madagascar. Nous invitons le pouvoir en place, d’un côté, à respecter le pluralisme des opinions, et l’opposition, de l’autre, à maîtriser ses militants afin d’éviter que de nouveaux actes de vandalisme ne se reproduisent », a conclu Reporters sans frontières.