(RSF/IFEX) – Le tribunal de première instance de Casablanca a condamné, le 24 octobre 2005, l’hebdomadaire indépendant « TelQuel » à 10 000 dirhams (915 euros) d’amende et 900 000 dirhams (82 300 euros) de dommages intérêts pour « diffamation » à l’encontre de Touria Bouabid, présidente d’une association d’aide à l’enfance. Reporters sans frontières dénonce l’acharnement judiciaire exercé […]
(RSF/IFEX) – Le tribunal de première instance de Casablanca a condamné, le 24 octobre 2005, l’hebdomadaire indépendant « TelQuel » à 10 000 dirhams (915 euros) d’amende et 900 000 dirhams (82 300 euros) de dommages intérêts pour « diffamation » à l’encontre de Touria Bouabid, présidente d’une association d’aide à l’enfance. Reporters sans frontières dénonce l’acharnement judiciaire exercé à l’encontre du journal depuis quelques mois.
« Nous sommes indignés par la sentence disproportionnée prononcée à l’encontre de « TelQuel ». En trois mois, pour deux affaires de « diffamation », la justice marocaine a condamné l’hebdomadaire à des amendes et dommages intérêts cumulés de 1 935 000 dirhams (177 000 euros) ! », a déclaré Reporters sans frontières.
« Nous espérons que lors des procès en appel des affaires Assali et Bouabid, ces sentences seront largement revues à la baisse. Les médias marocains poursuivis pour diffamation ne devraient pas être asphyxiés financièrement de la sorte », a ajouté l’organisation.
En mai 2005, « TelQuel » a publié un entrefilet qui annonçait que la présidente d’une association d’aide à l’enfance, Touria Bouabid, avait été convoquée par la police pour s’expliquer sur des détournements de fonds qui auraient été constatés au sein de son association. Cette information, émanant de sources policières, a été reprise par quatre journaux : « Al Ahdath Al Maghribiya », « Al Ayam », « Al Ousbouîya Al Jadida » et « TelQuel ». L’information s’étant révélée fausse par la suite, les journaux cités précédemment ont immédiatement publié un démenti.
Mme Bouabid a tout de même porté plainte et obtenu gain de cause. « TelQuel » s’est vu condamné à payer 900 000 dirhams de dommages et intérêts et 10 000 dirhams d’amende, tandis qu' »Al Ousbouîya Al Jadida » écopait de 30 000 dirhams (2 750 euros), « Al Ahdath Al Maghribiya » et « Al Ayam » de 100 000 dirhams (9 150 euros).
Selon les responsables de « TelQuel », « le but n’est même plus de [les] éduquer, mais bel et bien de [les] abattre ».
Ahmed Reda Benchemsi et Karim Boukhari, respectivement directeur de la publication et chef des actualités de « TelQuel », avaient déjà été condamnés, le 15 août, en première instance à Casablanca, à deux mois de prison avec sursis, 25 000 dirhams (2 250 euros) d’amende et un million de dirhams (90 000 euros) de dédommagement pour diffamation à l’encontre d’une députée. Dans un billet satirique intitulé « Secret d’une brune », Karim Boukhari avait retracé l’évolution de la carrière d’une députée, la désignant par le pseudonyme d »Asmaa », « pour éviter qu’elle ne crie à la diffamation ». Le journaliste racontait comment cette femme qu’il dit être une « ancienne cheïkha » (danseuse populaire), est devenue parlementaire. Malgré l’utilisation de pseudonymes, la députée Halima Assali s’était reconnue et avait intenté une action en justice.