(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée, le 13 décembre 2001, à la Cour suprême militaire siégeant à Vladivostok, RSF s’est indignée de la nouvelle peine de neuf ans de prison requise en appel à l’encontre du journaliste Grigory Pasko. « Grigory Pasko a déjà passé vingt mois en prison uniquement pour avoir voulu informer. Le harcèlement […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée, le 13 décembre 2001, à la Cour suprême militaire siégeant à Vladivostok, RSF s’est indignée de la nouvelle peine de neuf ans de prison requise en appel à l’encontre du journaliste Grigory Pasko.
« Grigory Pasko a déjà passé vingt mois en prison uniquement pour avoir voulu informer. Le harcèlement judiciaire dont il fait l’objet n’a qu’un seul but : intimider et réduire au silence la presse russe sur les sujets parmi les plus importants et les plus sensibles », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Nous demandons l’abandon définitif des poursuites à l’encontre de Grigory Pasko et sa réhabilitation », a ajouté Ménard.
D’après les informations recueillies par RSF, le procureur de la cour militaire de Vladivostok a requis, le 13 décembre, neuf ans de prison de haute sécurité pour Pasko, ainsi que la privation de son grade de capitaine de second rang et de ses honneurs militaires. Pasko, journaliste pour le quotidien de la marine « Boevaya Vakhta », a été emprisonné le 20 novembre 1997 et détenu près de vingt mois. Le journaliste était accusé par le FSB (ex-KGB) « d’avoir recueilli des secrets d’État dans le but de les transmettre à des organisations étrangères ». Alors correspondant de « Boevaya Vakhta » à bord du pétrolier russe TNT 27, Pasko avait filmé des scènes de déversement de déchets radioactifs liquides en mer du Japon. Ces images diffusées par la télévision japonaise NHK, sans l’accord du journaliste, avaient suscité de vives réactions au Japon. Pasko avait également écrit des articles sur la pollution entraînée par le quasi-abandon des sous-marins nucléaires de l’armée russe et l’implication du FSB dans un trafic de déchets nucléaires.
Le 14 octobre 1999, son procès s’était ouvert, à huis clos, devant le tribunal militaire de Vladivostok. Ses avocats n’avaient pas eu le droit d’informer la presse sous peine d’être dessaisis du dossier. Pasko avait été libéré aux deux tiers de ses trois ans d’emprisonnement à la faveur d’une loi d’amnistie pour « faible peine ». Les deux parties ayant fait appel du premier jugement, le cas avait été porté devant la Cour suprême de Moscou qui avait fait connaître, le 21 novembre 2000, sa décision de renvoyer Pasko devant le tribunal militaire de Vladivostok. Ce nouveau procès, au cours duquel le FSB devrait tenter d’obtenir une nouvelle condamnation du journaliste, avait déjà été reporté à trois reprises.
RSF considère que les informations diffusées en 1997 par Pasko étaient de notoriété publique et ne pouvaient constituer des secrets d’État. La loi russe sur les médias stipule que « tout journaliste a le droit de chercher, demander, recevoir et diffuser de l’information » (article 47). Par ailleurs, aux termes des articles 41 et 42 de la Constitution russe, la rétention d’informations relatives à l’environnement ou à des catastrophes mettant en danger des vies humaines est passible de poursuites.