(RSF/IFEX) – Le 20 novembre 2002, « Babel », le quotidien le plus influent du pays, a cessé de paraître. Selon le ministère de l’Information, le journal, contrôlé par Oudaï Hussein, est interdit de parution pendant un mois. « Bien que contrôlé par le fils aîné de Saddam Hussein, Oudaï Hussein, lui-même un professionnel de la censure, le […]
(RSF/IFEX) – Le 20 novembre 2002, « Babel », le quotidien le plus influent du pays, a cessé de paraître. Selon le ministère de l’Information, le journal, contrôlé par Oudaï Hussein, est interdit de parution pendant un mois.
« Bien que contrôlé par le fils aîné de Saddam Hussein, Oudaï Hussein, lui-même un professionnel de la censure, le journal ‘Babel’ a récemment mentionné des points de vue de l’opposition irakienne ainsi que des critiques à l’égard de la corruption et de l’inefficacité du régime. La réaction habituelle des autorités ne s’est pas fait attendre. Quelles que soient les raisons de ce qui ressemble à un règlement de comptes interne, nous demandons la reparution immédiate de cette rare fenêtre entrouverte sur le monde », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
Une source officielle a précisé que « Babel » avait « enfreint les instructions du ministère de l’Information », sans donner plus de détails.
Dans le paysage médiatique irakien, où chaque média colle au plus près à la propagande officielle, le quotidien « Babel » et la chaîne de télévision pour les jeunes Shebab, dirigés par le fils aîné du président irakien, se sont récemment démarqués par une certaine audace dans les sujets abordés. La télévision Shebab n’hésite pas à relayer d’autres chaînes arabes, notamment Al-Jazira, inaccessibles aux Irakiens puisque les paraboles sont interdites. Le 17 novembre, « Babel » a publié une information qui touche au sujet sensible du sort de la famille du Président en cas de guerre avec les États-Unis. Les lecteurs ont ainsi pu apprendre que la Lybie avait tourné en dérision une information du quotidien britannique « The Times », affirmant que Saddam Hussein était prêt à verser des milliards de dollars pour que ce pays accorde l’asile politique à sa famille et à quelques membres haut placés du régime. « Babel » a également publié des points de vue d’opposants irakiens, tout en les traitant de « renégats grincheux à la solde des États-Unis ». Pour les lecteurs habitués à lire entre les lignes, ces informations transgressent les tabous habituellement observés par les médias du pays.
Outre ses fonctions de patron de presse, Oudaï Hussein, un temps pressenti pour succéder à son père, préside le Syndicat des journalistes irakiens, le Comité olympique irakien et la Fédération irakienne de football. En 2000, il a été élu membre du Parlement avec 99,99% des suffrages dans sa circonscription.
La principale source d’information des Irakiens sur les menaces américaines demeure la radio, notamment les radios étrangères, telles que Radio Monte-Carlo, la BBC ou Radio Sawa, une radio en langue arabe financée par Washington, qui émet depuis fin mars 2002 en Jordanie.