(JED/IFEX) – Jean Kenge Mukengeshayi, rédacteur en chef du quotidien « Le Phare », paraissant à Kinshasa, a été enlevé, le jeudi 8 juin 2000 en fin de matinée, au siège du journal précité, par deux hommes en tenue civile, ne disposant d’aucun mandat écrit mais se réclamant des Services spéciaux de la Police nationale congolaise (PNC). […]
(JED/IFEX) – Jean Kenge Mukengeshayi, rédacteur en chef du quotidien « Le Phare », paraissant à Kinshasa, a été enlevé, le jeudi 8 juin 2000 en fin de matinée, au siège du journal précité, par deux hommes en tenue civile, ne disposant d’aucun mandat écrit mais se réclamant des Services spéciaux de la Police nationale congolaise (PNC). Quelques heures plus tôt, la rédaction avait reçu un appel téléphonique de Raüs Chalwe Ngwashi, commandant desdits services, qui demandait à s’entretenir avec un responsable du journal.
Arrivé aux Services spéciaux de la PNC, Kenge Mukengeshayi a été plutôt entendu, le même jour dans l’après-midi, par deux agents de l’Agence nationale de renseignements (ANR), qui l’ont soumis à un interrogatoire fastidieux de quelque trois heures sur un éditorial dont il n’est pas l’auteur.
Dans cet article – intitulé « Le pays à la merci des maffieux » – paru dans l’édition du « Phare » daté du mercredi 7 juin, sous la plume de Tshivis Tshivuadi (rédacteur en chef adjoint et vice-président de JED), le journal dénonçait la gestion des affaires publiques par le gouvernement de Laurent-Désiré Kabila dont trois ministres venaient d’être arrêtés par les services de sécurité. Le journal commentait également le différend qui oppose la République démocratique du Congo à la République Centrafricaine à propos d’un lot de carburant de ce pays voisin qui aurait été détourné par Kinshasa.
Après l’interrogatoire, Kenge Mukengeshayi a été abandonné sans aucune autre forme de procès dans un des locaux de ces Services spéciaux de la PNC, où il a passé la nuit dans des conditions éprouvantes. Il a été libéré le vendredi 9 juin vers 9 heures du matin (heure locale) sans que les raisons de son interpellation ne lui soient communiquées.