(RSF/IFEX) – Mamoun Al Roussan, rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Al Jazira », est détenu depuis le 14 août 2002, suite à la publication d’une caricature et d’un article sur le Qatar. « Cette arrestation s’inscrit dans un climat de crise diplomatique entre la Jordanie et le Qatar. On ne peut s’empêcher de penser que, par ce […]
(RSF/IFEX) – Mamoun Al Roussan, rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Al Jazira », est détenu depuis le 14 août 2002, suite à la publication d’une caricature et d’un article sur le Qatar.
« Cette arrestation s’inscrit dans un climat de crise diplomatique entre la Jordanie et le Qatar. On ne peut s’empêcher de penser que, par ce geste, les autorités jordaniennes veulent apaiser les autorités qataries. Il est honteux que ce soit un journaliste qui paie le prix de ce différend entre les deux pays. C’est honteux. Nous vous demandons de libérer le journaliste et de mettre un terme aux poursuites judiciaires contre les responsables de cette publication », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF, dans une lettre au ministre de l’Information, Mohammad Adwan.
L’organisation a rappelé que, le 7 août, les autorités jordaniennes avaient retiré l’accréditation d’Al Jazira, chaîne de télévision du Qatar (ce qui a entraîné la fermeture immédiate du bureau de la chaîne à Amman) ainsi que celle des quatre correspondants de la chaîne (consulter l’alerte de l’IFEX du 8 août 2002). Al Jazira était accusée par le ministre de l’Information de « porter sciemment atteinte à la Jordanie et à ses positions nationales ».
Le 14 août, le président de la Cour de sûreté de l’État, Mahmoud Obeidat, a ordonné l’arrestation de Sakher Abu Anzeh, directeur de publication et président du conseil d’administration de l’hebdomadaire « Al Jazira », et Al Roussan, rédacteur en chef du même journal. Selon Haytham Al-Kayed, l’avocat des deux hommes, ceux-ci sont accusés de « porter atteinte aux relations avec un pays étranger, de mépris envers le chef d’un État étranger et son ministre des Affaires étrangères », ainsi que de « propagation d’informations mensongères ». Le 12 août, « Al Jazira » avait publié en dernière page un photomontage qui représentait le chef de l’État qatari, Hamad ben Khalifah Al-Thani, en chanteuse et son ministre des Affaires étrangères, Hamad ben Jassem Al-Thani, en danseuse du ventre.
L’accusation de « propagation d’informations mensongères » concerne un article publié dans « Al Jazira » et l’hebdomadaire « Al Chahed » (hebdomadaire qui appartient à la même maison d’édition) sur les « liens douteux entre le chef de la diplomatie du Qatar et Israël ». Selon l’avocat, Al Roussan a déclaré au juge qu’ils avaient pris leurs « informations du programme diffusé par la télévision jordanienne [publique] ».
Le 15 août, Abu Anzeh, a été relâché sous caution par la Cour de sûreté de l’État qui a estimé qu’il n’était pas directement responsable des articles publiés. Selon l’article 122 du code pénal, le directeur de publication et le rédacteur en chef sont tenus responsables pour toute information publiée. Mais la principale responsabilité est imputable au rédacteur en chef.