Anton Surapin a été arrêté pour avoir été le premier à diffuser des photos d'ours en peluche sur lesquels était accrochée une pancarte miniature, avec pour message : “Nous soutenons le combat bélarusse pour la liberté d’expression”.
(RSF/IFEX) – 18 juillet 2012 – Le responsable d’un site d’information arrêté pour avoir été le premier à diffuser des photos d’une campagne pour la liberté d’expression Anton Surapin a été arrêté à son domicile, dans l’après-midi du 13 juillet 2012, suite à une perquisition menée par des agents du Comité de sécurité de l’Etat (KGB), qui cherchent à déterminer son rôle dans la couverture d’une opération de communication liée à la liberté d’expression.
Le 16 juillet dernier, une décision devait être rendue concernant sa détention. Il n’a cependant toujours pas été relâché. La loi bélarusse prévoit la possibilité d’étendre la garde-à-vue jusqu’à dix jours sans qu’aucune charge ne soit officiellement retenue contre le prévenu. Anton Surapin est accusé d’avoir aidé des étrangers à traverser la frontière illégalement, a déclaré, à Reporters sans frontières, Andrew Bastunets, vice-président de l’Association des Journalistes du Bélarus. Il risque une peine pouvant aller de trois à cinq ans d’emprisonnement.
Reporters sans frontières exige la libération immédiate d’Anton Surapin. L’organisation rappelle que cette opération a été menée à l’initiative d’une agence de relations publiques suédoises, et qu’elle ne doit pas être utilisée comme prétexte par les autorités bélarusses pour arrêter des journalistes, blogueurs, ou de simples citoyens qui s’en sont fait le relais.
Le 4 juillet 2012, deux membres d’une agence de relations publiques suédoise, Studio Total, ont organisé, depuis la plateforme d’un avion, un lâché géant d’ours en peluche au-dessus du Bélarus, en signe de soutien au mouvement de défense de la liberté d’expression dans le pays . Sur chaque ours en peluche était accrochée une pancarte miniature, avec pour message : “Nous soutenons le combat bélarusse pour la liberté d’expression” (We support the Belarusian Struggle for free speech).
Anton Surapin, étudiant au Journalism Institute et responsable du site d’information bnp.by, a été le premier à publier sur Internet des photos relatant l’évènement. Il a affirmé qu’un inconnu lui avait fait parvenir les clichés par e-mail, le 5 juillet dernier, lui indiquant qu’il avait vu l’avion voler bas et que le pilote l’avait salué avant de lui lancer trois ours en peluche en parachutes”.
Tomas Mazetti, membre de Studio Total, et l’un des deux pilotes de l’avion, a confié au quotidien suédois The Local être inquiet de cette arrestation. Joint par Reporters sans frontières, il a précisé ne pas connaître Anton Surapin et avoir planifié cette opération sans aucune aide locale, ne nécessitant aucune assistance particulière pour la mener à bien.
Le ministère de la Défense bélarusse dément pour sa part l’entrée d’un appareil volant sur le territoire biélorusse le 4 juillet, alors que Studio Total a posté en ligne plusieurs vidéos pour prouver la véracité de l’opération. Pour le Ministère ces vidéos sont photoshopées et constituent un trucage manifeste de nature provocatrice.
Le Bélarus fait partie de la liste des “Ennemis d’Internet” identifiés par Reporters sans frontières. Alors que le pays s’est enferré ces derniers mois dans l’isolement politique et le marasme économique, le régime du président Loukachenko a renforcé la répression envers les voix dissidentes. Internet, espace de mobilisation et d’information, a subi de plein fouet la violente réaction des autorités à la “révolution à travers les réseaux sociaux”.