(RSF/IFEX) – Le 5 décembre 2003, le roi Taufaahau Tupou IV a signé des amendements à la Constitution et réintroduit des lois sur la presse qui permettent d’interdire définitivement la publication indépendante « Taimi o’ Tonga ». RSF déplore ces décisions qui menacent gravement la liberté d’expression et marquent un très net recul de la liberté de […]
(RSF/IFEX) – Le 5 décembre 2003, le roi Taufaahau Tupou IV a signé des amendements à la Constitution et réintroduit des lois sur la presse qui permettent d’interdire définitivement la publication indépendante « Taimi o’ Tonga ».
RSF déplore ces décisions qui menacent gravement la liberté d’expression et marquent un très net recul de la liberté de la presse. Il est affligeant que l’acharnement contre le « Taimi o’ Tonga » conduise les autorités à modifier la Constitution. L’organisation a demandé au Premier ministre des Tonga, le prince ‘Ulukalala Lavaka Ata, de convaincre le roi de revenir sur cette décision et de permettre au journal « Taimi o’ Tonga » d’être distribué librement dans le pays. Etant donnée la gravité de la dégradation de la liberté de la presse dans le pays, RSF va intervenir auprès des autorités de l’Union européenne pour qu’elles appliquent les dispositions de l’article 96 de la Convention de Cotonou, signée par les Tonga, et qui prévoit des sanctions en cas de non-respect « des droits de l’homme, des principes démocratiques et de l’Etat de droit ».
Le 5 décembre, le roi Taufaahau Tupou IV a signé une série d’amendements modifiant la Constitution du royaume qui garantissait jusqu’alors la liberté d’expression. Cette révision rend valide a posteriori l’interdiction de distribution dans le pays du « Taimi o’ Tonga » (publié en Nouvelle-Zélande). Cette interdiction, prononcée en février, avait été jugée inconstitutionnelle par la Cour suprême en mai dernier.
Le roi a également validé la réintroduction de deux lois sur la presse, le Newspaper Act et le Media Operators Act, qui donnent au gouvernement des pouvoirs très étendus pour, notamment, accorder des licences de publication ou d’importation.
En octobre, le Parlement, composé d’une trentaine de membres, dont 21 nommés par le roi, a voté ces amendements et ces lois qui remettent en cause le principe même de l’existence de la presse indépendante. Dorénavant, la Constitution permet aux autorités d’interdire un média s’il va à l’encontre « des traditions culturelles ou du droit à la vie privée ». Selon Kalafi Moala, éditeur du « Taimi o’ Tonga » vivant en Nouvelle-Zélande, il n’existe « absolument plus de liberté d’expression aux Tonga ». Outre le « Taimi o’ Tonga », cette révision constitutionnelle remet en cause la possibilité de diffuser d’autres publications étrangères dans l’île.