RSF condamne les cyber-attaques répétées à l'encontre de 64 Tianwang, le premier site chinois d'information sur les droits de l'homme.
Reporters sans frontières condamne les cyber-attaques répétées à l’encontre de 64 Tianwang, le premier site chinois d’information sur les droits de l’homme. Le site, initié par le cyberdissident Huang Qi et alimenté par des journalistes citoyens, fait l’objet d’attaques depuis le 16 septembre 2014.
Le site 64tianwang.com, créé par le défenseur des droits de l’homme et cyberdissident Huang Qi, a été rendu inaccessible à plusieurs reprises au cours des dernières 72 heures. Une attaque de déni de service (Ddos), lancée le 16 septembre vers 10 heures du matin, a paralysé l’activité du site jusqu’au 17 septembre vers 23 heures. Pendant toute la durée de l’attaque, la plateforme a redirigé ses lecteurs vers le blog ou https://www.facebook.com/twhuangqi. Le 18 septembre, après seulement 10 heures d’activité, le site a de nouveau été rendu inaccessible. Une autre attaque a été enregistrée le 19 septembre, accompagnée de la fermeture de la page QQ de 64 Tianwang et des services Wexin (équivalent de wechat), détenus par la société Tencent.
D’après Huang Qi, « les informations récemment relayées par 64 Tianwang,telles que l’arrestation de Tie Liu, les conflits fonciers ou les passages à tabac de citoyens tentant de se plaindre auprès des autorités locales, sont très probablement les déclencheurs de ces nouvelles attaques. »
« Nous condamnons ces attaques ciblées qui témoignent de la sensibilité des informations révélées par 64 Tianwang, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. L’intensité de ces attaques et leur coïncidence avec les mesures de fermeture de service par la société Tencent laissent penser à des actes de censure commandités par le pouvoir. Nous demandons aux autorités d’appliquer la Constitution, qui garantit la liberté de l’information, et de faire cesser ces attaques intempestives. Nous demandons également à Tencent de cesser de collaborer avec les censeurs. »
Créé en 1998, 64 Tianwang est jugé subversif par le gouvernement. A l’instar de son créateur, les contributeurs de cette plate-forme d’information sont surveillés de près par la police politique. Des reporters de 64 Tianwang ont encore été la cible de représailles orchestrées par le gouvernement chinois récemment, après la publication d’articles relatant les événements de la place Tian’anmen et dénonçant plus largement les violations de droits de l’homme commises par Pékin. Huang Qi a été condamné à purger des peines d’emprisonnement à plusieurs reprises pour la diffusion d’articles concernant les événements de la place Tian’anmen, ou encore pour « possession de secrets d’Etat »suite au tremblement de terre dans le Sichuan en 2008.
Huang Qi est lauréat 2004 du prix cyberliberté de Reporters sans frontières.
Pékin censure un nouveau site
Le créateur et directeur du moteur de recherche DuckDuckGo, Gabriel Weinberg, a officiellement annoncé le 21 septembre que le site n’était plus accessible par les internautes chinois depuis déjà quelques semaines. Le blocage remonterait à début septembre. Ne disposant pas de serveur en Chine, ce moteur de recherche ne filtre pas son contenu conformément aux exigences de la Grande Muraille Electronique de Chine, crée en 2003 afin de réguler l’accès aux sites étrangers.
Reporters sans frontières condamne fortement cette atteinte au droit à l’information et la mainmise du gouvernement quant à la lourde régulation du contenu internet disponible depuis la Chine. Cette nouvelle censure, dont le but est de renforcer la surveillance des internautes et d’empêcher le débat démocratique, doit cesser immédiatement.
Le moteur de recherche, qui respecte la confidentalité des données de ses utilisateurs, connaît un succès grandissant depuis l’affaire Snowden qui a révélé la collecte par les services secrets américains des informations privées des internautes. Bien que les circonstances exactes de cette censure ne soient pas clairement établies, il semble que cette politique de l’anonymat, couplée à la récente décision d’Apple de faire de DuckDuckGo le moteur de recherche par défaut pour iOS, ait effrayé le ‘bureau de la censure et de la propagande’ en charge de la ‘stabilité publique’ du pays. DuckDuckGo vient rejoindre la longue liste des sites censurés, tels que Google ou encore GoDaddy.
La Chine, qui dispose d’un des systèmes de ‘cyber-sécurité’ les plus sophistiqués, est le 175e pays sur 180 dans le Classement mondial 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.