À la veille d’une audience en appel le 28 mai, le TMG de l’IFEX demande aux autorités judiciaires d’invalider les condamnations à sept ans d’emprisonnement prononcées à la fin mars contre Ghazi Ben Mohamed Beji et Jaber Ben Abdallah Majri.
(TMG de l’IFEX) – Le 25 mai 2012 – À la veille d’une audience en appel le 28 mai, le Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’Échange international de la liberté d’expression (TMG de l’IFEX), coalition de 21 groupes membres de l’IFEX, demande aux autorités judiciaires tunisiennes d’invalider les condamnations à sept ans d’emprisonnement prononcées à la fin mars contre Ghazi Ben Mohamed Beji et Jaber Ben Abdallah Majri.
Le 28 mars, les deux hommes ont été reconnus coupables par la Première chambre de Mahdia d’avoir publié en ligne des écrits satiriques sur l’islam et le Prophète, publications jugées « susceptibles de troubler l’ordre public ou la morale publique ». Majri est incarcéré depuis le 5 mars, tandis que Beji, qui s’est enfui en Europe où il cherche à obtenir l’asile politique, a été jugé coupable in absentia. Les avocats ont interjeté appel uniquement dans le cas de Majri, parce qu’ils disent craindre de perdre l’appel de Beji in absentia. La Cour d’appel de Monastir devrait rendre sa décision lundi.
« Une importante affaire de liberté d’expression en Tunisie semble nous avoir échappé », dit Robert Russell, directeur du Cartoonists Rights Network International, un groupe membre du TMG de l’IFEX. « Il y a un courant sous-jacent de peur. Peur que des extrémistes, ayant menacé ces hommes et leurs familles, n’envoient aux autorités tunisiennes le message que leurs opinions ne sauraient être remises en question », ajoute-t-il.
Cette affaire contre des utilisateurs de médias sociaux contredit la déclaration du Ministre des Droits de la personne et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou, selon qui « l’Internet a été un partenaire dans la révolution; le gouvernement ne punira pas ce partenaire ». Le ministre a fait ce commentaire devant le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies le 22 mai à Genève, où il dirigeait la délégation tunisienne lors de la Revue périodique universelle de la Tunisie. Le TMG de l’IFEX appelle le ministre Dilou à respecter sa parole et à protéger la liberté d’expression en Tunisie.
« Les gens ont parfaitement le droit de ne pas apprécier certains contenus qu’ils jugent offensants et d’exprimer leur aversion de manière non violente. Ce qui est inacceptable, c’est lorsque des magistrats désignés pour protéger les droits fondamentaux choisissent d’enfreindre ces droits au nom de leurs croyances personnelles », a déclaré Riadh Guerfali, avocat et co-fondateur du site web participatif Nawaat.org.
« Après l’affaire contre Nasreddine Ben Saïda, directeur du quotidien « Ettounsiyya » et celle contre Nabil Karoui, directeur de Nessma TV, c’est la troisième fois au moins que les nouvelles autorités tunisiennes instruisent des affaires pour des propos jugés offensants envers l’Islam ou la morale en utilisant des lois autocratiques de Ben Ali », a souligné Virginie Jouan, présidente du TMG de l’IFEX. « Les Tunisiens ont payé un lourd tribut pour bénéficier de leur plein droit à la libre expression et pour l’exercer, et non d’une version déclassée », a-t-elle ajouté.