(RSF/IFEX) – Le 6 janvier 2006, la Haute cour de Jakarta a confirmé la condamnation pour « diffamation » du journaliste Goenawan Mohamad et du groupe de presse PT Tempo Inti Media Harian à un milliard de roupies indonésiennes (près de 90,000 d’euros) et à publier des excuses dans deux quotidiens nationaux. L’homme d’affaires Tomy Winata a […]
(RSF/IFEX) – Le 6 janvier 2006, la Haute cour de Jakarta a confirmé la condamnation pour « diffamation » du journaliste Goenawan Mohamad et du groupe de presse PT Tempo Inti Media Harian à un milliard de roupies indonésiennes (près de 90,000 d’euros) et à publier des excuses dans deux quotidiens nationaux. L’homme d’affaires Tomy Winata a déposé une dizaine de plaintes contre le quotidien « Koran Tempo » et l’hebdomadaire « Tempo ».
« En ce début d’année, la justice indonésienne envoie un mauvais signal pour la liberté de la presse. Condamner un journaliste à une amende exorbitante parce qu’il a donné son opinion sur un homme d’affaires qui s’est permis d’envoyer ses sbires menacer une rédaction, est inacceptable », a affirmé Reporters sans frontières. L’organisation demande au gouvernement indonésien de réviser la loi sur la diffamation afin que les amendes prévues ne puissent pas mettre en danger l’existence d’un média.
La Haute cour de Jakarta a reconnu Goenawan Mohamad coupable d’avoir violé le principe de présomption d’innocence et d’avoir diffamé l’homme d’affaires Tomy Winata en le qualifiant de « voyou » dans un article publié en mars 2003 dans le quotidien « Koran Tempo ». Quelques jours auparavant, une foule de supporters de Tomy Winata avait envahi la rédaction du « Tempo » à Jakarta, en blessant plusieurs journalistes. L’hebdomadaire venait de publier une enquête sur la possible implication de cet homme d’affaires controversé dans l’incendie d’un marché.
Les avocats du groupe de presse Tempo comptent faire appel devant la Cour suprême. Cité par le « Jakarta Post », l’avocat Darwin Aritonang affirme que le « verdict est trop fort. »
Tomy Winata a déposé plusieurs plaintes au pénal et au civil contre des journalistes du groupe de presse PT Tempo Inti Media Harian. En janvier 2004, l’homme d’affaires, connu pour ses connections politiques, avait déjà gagné un procès en diffamation suite à une enquête sur ses projets de salles de jeux. Le groupe de presse avait été condamné à payer un million de $US. En mars de la même année, « Tempo » avait été condamné en première instance à payer plus de cinquante mille euros d’amendes pour une enquête sur Tomy Winata. Ce dernier avait déposé six plaintes pour ce seul article. Dans cette même affaire, le journaliste Bambang Harymurti avait été condamné à un an de prison.