(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce le verdict prononcé le 25 novembre 2008 par la Haute Cour de Singapour à l’encontre du quotidien « Wall Street Journal Asia », propriété de la compagnie Dow Jones, pour « outrage à la cour ». Le journal, basé à Hong Kong, avait publié une tribune écrite par un opposant singapourien et deux […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce le verdict prononcé le 25 novembre 2008 par la Haute Cour de Singapour à l’encontre du quotidien « Wall Street Journal Asia », propriété de la compagnie Dow Jones, pour « outrage à la cour ». Le journal, basé à Hong Kong, avait publié une tribune écrite par un opposant singapourien et deux éditoriaux sur le système judiciaire du pays.
« Même si le montant de l’amende n’est pas colossal, ce verdict montre très clairement que la justice n’a pas l’intention de laisser les médias étrangers s’exprimer librement sur l’état de sujétion politique du système judiciaire. L’acharnement du pouvoir et de la justice – aux ordres de Lee Kuan Yew et de son fils, Lee Hsien Loong -, à l’encontre de la compagnie Dow Jones, dont l’un des titres, la « Far Eastern Economic Review », est également poursuivi en justice, est tout à fait regrettable. Nous demandons aux autorités singapouriennes d’abandonner leurs plaintes à l’encontre des médias étrangers », a déclaré Reporters sans frontières.
Le 25 novembre, la Haute Cour de justice a condamné à une amende de 25 000 dollars singapouriens (approx. 12 700 euros) le « Wall Street Journal Asia » et deux de ses directeurs, pour « outrage à la cour ». La tribune et les deux éditoriaux, publiés en juin et juillet 2008, et cités dans le verdict dont Reporters sans frontières a obtenu copie, auraient mis à mal la réputation du système judiciaire du pays. Cette procédure a été engagée par le procureur général du pays, qui a estimé que les articles contestaient l' »intégrité, l’impartialité et l’indépendance du système judiciaire ». Le juge Tay Yong Kwang a affirmé, de son côté, que certains passages des trois textes incriminés ont « scandalisé » le tribunal. Selon le verdict prononcé par le juge, les « mots ont parfois plus de sens que ce qu’ils semblent dire en apparence ».
L’avocat du journal, Philip Jeyaretnam, a nié toute intention du titre de commettre un tel délit, mais a défendu la volonté d’informer un lectorat qui sait faire la différence entre l’information et la critique.
La tribune a été écrite par Chee Soon Juan, l’un des principaux opposants singapouriens. C’est pour avoir écrit un article sur ce même dissident que la « Far Eastern Economic Review » est poursuivie en justice par l’actuel chef du gouvernement et son père, Lee Kuan Yew. Fin septembre, la Haute Cour a affirmé que la FEER avait diffamé le père et le fils, et devrait payer une amende dont le montant n’a pas encore été rendu public.
Interrogé par Reporters sans frontières, un porte-parole de Dow Jones a déclaré que la société était « extrêmement déçue par ce verdict de la Haute cour et en profond désaccord avec les analyses de la cour, selon lesquelles les éditoriaux et la lettre constituent un outrage à la cour. De même, le ‘Wall Street Journal Asia’ n’est pas engagé dans une quelconque ‘campagne’ contre le système judiciaire de Singapour, comme l’affirme le procureur. Nous continuerons à défendre le droit du ‘Wall Street Journal Asia’ à rendre compte et commenter des sujets internationaux d’importance, notamment ceux qui concernent Singapour. »
Mise à jour du cas « Wall Street Journal Asia » (anglais seulement): http://ifex.org/en/content/view/full/97154