(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Lal Krishna Advani, RSF a protesté contre l’agression de trois employés et de l’éditeur de l’hebdomadaire « Chattan », publié à Srinagar (Jammu et Cachemire, nord-ouest de l’Inde) par des membres des forces de sécurité. « Ces violences sont indignes de représentants de l’État indien », a déclaré Robert […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Lal Krishna Advani, RSF a protesté contre l’agression de trois employés et de l’éditeur de l’hebdomadaire « Chattan », publié à Srinagar (Jammu et Cachemire, nord-ouest de l’Inde) par des membres des forces de sécurité. « Ces violences sont indignes de représentants de l’État indien », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Elles méritent qu’une enquête soit conduite et que des sanctions soient prises à l’encontre des responsables », a ajouté Ménard. L’organisation s’est par ailleurs inquiétée du projet d’amnistie pour les membres des forces de sécurité responsables de violations des droits de l’homme dans le Cachemire. Après avoir rappelé que des dizaines de journalistes sont agressés ou interpellés, chaque année, par des militaires ou des paramilitaires indiens dans cette région disputée par le Pakistan et l’Inde, l’organisation a demandé au ministre de « renforcer la lutte contre l’impunité plutôt que d’accorder une amnistie ».
Selon les informations recueillies par RSF, des éléments des Forces de sécurité frontalière (BSF Border Security Force) ont violemment frappé, le 11 août 2001, quatre employés, dont l’éditeur de l’hebdomadaire en ourdou « Chattan », publié à Srinagar. Quelques minutes après qu’une grenade avait été lancée vers un poste des BSF, dans le centre de Srinagar, des soldats ont pénétré dans les locaux de « Chattan », à la recherche de l’auteur de cette attaque. Les hommes de la BSF ont frappé à coups de crosses de fusil trois employés de l’hebdomadaire dont l’un a été interpellé, accusé d’être l’auteur de l’attentat. Tahir Mohiudin, éditeur de cet hebdomadaire très critique de la présence indienne au Cachemire, a également été molesté et insulté par des soldats. L’employé a été libéré le lendemain, mais les deux autres sont toujours hospitalisés suite à leurs blessures. Des officiers des BSF ont présenté leurs excuses aux responsables de « Chattan », mais aucune sanction n’a été prise contre les militaires impliqués. « Les perquisitions dans les locaux du journal sont fréquentes quand il y a des vagues d’arrestations, mais c’est la première fois que nous subissons une attaque aussi violente », a déclaré Mohiudin à RSF.
Cet incident est intervenu alors que le gouvernement de New Delhi prépare une amnistie en faveur des membres des forces de sécurité indiennes accusées d’atteintes aux droits de l’homme dans le Cachemire.
Les journalistes locaux, indiens et étrangers sont souvent pris entre les feux des séparatistes cachemiris et des forces de sécurité indiennes. Dix journalistes ont été tués au Cachemire depuis le début de l’insurrection en 1989. En janvier, le correspondant de l’Agence France-Presse a été agressé par un officier de police (consulter l’alerte de l’IFEX du 2 février 2001). En mai, une quinzaine de professionnels de l’information ont été frappés par des hommes des BSF (consulter les alertes de l’IFEX du 18 et 11 mai 2001). Aucune sanction n’a été prise à l’encontre des auteurs de ces attaques.