(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières se félicite des avancées de l’enquête sur la mort du cameraman Brian Peters, mais déplore certains propos de l’ancien Premier ministre australien, Gough Whitlam, et de l’ancien ministre de la Défense, Bill Morrison. Nous nous joignons à la colère de certains proches des journalistes tués quant aux incohérences des propos […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières se félicite des avancées de l’enquête sur la mort du cameraman Brian Peters, mais déplore certains propos de l’ancien Premier ministre australien, Gough Whitlam, et de l’ancien ministre de la Défense, Bill Morrison. Nous nous joignons à la colère de certains proches des journalistes tués quant aux incohérences des propos des hauts responsables australiens. « Il est urgent qu’une commission d’enquête soit créée pour déterminer le degré de responsabilité du gouvernement de l’époque dans l’étouffement de ce quintuple meurtre », a affirmé l’organisation.
« Le fait qu’un ancien Premier ministre soit obligé de venir témoigner est une victoire dans cette quête de vérité et de justice. Mais que celui-ci laisse entendre que les journalistes ont été coupables de négligence, est scandaleux. Les autorités de l’époque continuent à vouloir occulter leur responsabilité et justifier l’invasion indonésienne du Timor. Les cinq journalistes étaient sûrement des témoins gênants, mais, en aucun cas, ils ne sont coupables de quoi que ce soit. Gough Whitlam devrait plutôt aider la juge à identifier les responsables au lieu de s’en prendre aux victimes », a affirmé l’organisation.
Le 8 mai 2007, Gough Whitlam, 90 ans, ancien chef du gouvernement travailliste, a témoigné pendant trois heures devant la juge d’instruction Dorelle Pinch. Il a notamment déclaré avoir été averti cinq jours après l’incident, alors que l’enquête a prouvé que ses conseillers l’auraient appris le jour même. Il a également déclaré que l’Australie ne connaissait pas les plans d’invasion du Timor par l’Indonésie. Pourtant, de nombreux témoignages prouvent le contraire. Enfin, il a affirmé avoir averti l’un des journalistes, Greg Shackleton, du danger de se rendre au Timor. « J’imagine que Greg Shackleton a pris en compte mes mises en garde. J’imagine qu’il l’a dit à ses collègues. Cela aurait été irresponsable s’il ne l’avait pas fait. Dans ce cas, il serait coupable », a déclaré l’ancien Premier ministre. Ces propos ont indigné la veuve du reporter, Shirley Shackleton, qui a déclaré que le témoignage de Gough Whitlam était « bizarre » et « méprisable ».
De son côté, Bill Morrison a confirmé qu’il avait été informé de la mort des journalistes le jour même. L’ancien ministre de la Défense a déclaré qu’il n’avait averti Gough Whitlam ni des plans d’invasion du Timor ni de la mort des journalistes, car le leader travailliste gérait une crise politique importante. « Je pense que le Premier ministre avait assez de problèmes », a expliqué Bill Morrison.
Le 9 mai, Gordon Jockel, ancien chef d’une branche des services secrets, la Joint Intelligence Organisation (JIO), a déclaré devant le juge qu’une information interceptée confirmant la mort des journalistes avait été envoyée le jour même aux services du Premier ministre et au ministère de la Défense.
Enfin, la juge a annoncé que l’ambassadeur australien en poste en Indonésie à l’époque, Richard Woolcott, viendra témoigner dans les prochains mois. Il aurait averti le gouvernement australien des plans d’invasion du Timor, après avoir rencontré de hauts responsables de l’armée indonésienne. Avant le quintuple meurtre.