Surapak Phuchaisaeng a été accusé de lèse-majesté après avoir posté des photos, des vidéos et des messages sur Facebook.
(RSF/IFEX) – Le 13 septembre 2011 – Reporters sans frontières regrette que le nouveau gouvernement thaïlandais trahisse les principes qu’il a lui même affirmés, à savoir l’arrêt du recours abusif au crime de lèse-majesté pour censurer et emprisonner les journalistes, blogueurs et net-citoyens, dont les articles et les posts sont jugés gênants ou trop critiques par les plaignants.
RSF s’inquiète de la réelle volonté du nouveau gouvernement de mettre en oeuvre la politique du Premier ministre Yingluck Shinawatra qui, peu après sa victoire aux élections du 3 juillet 2011, affirmait que « le crime de lèse-majesté ne [doit] pas [être] utilisé de façon inappropriée ». En contradiction avec cette déclaration, le 26 août, le vice-Premier ministre Chalerm Yubamrung, a affirmé que « la première chose à laquelle [il] doit [s]’attaquer, en urgence, sont ces sites de lèse-majesté. Ils ne sont pas autorisés sous ce gouverrnement ». Le Premier ministre cautionne-t-elle la direction prise par le gouvernement?
L’organisation exige l’abandon des charges pesant sur les net-citoyens, détenus pour « insulte à la monarchie » et réitère sa demande de révision des lois condamnant le lèse-majesté. Nous voulons encore croire que la nouvelle direction du pays rompra avec les habitudes du passé. Une vraie démocratie ne peut que reposer sur le pluralisme et la liberté d’expression.
Un gouvernement tout aussi répressif que le précédent?
Surapak Phuchaisaeng, un net-citoyen thaïlandais âgé de 40 ans, a été arrêté le 2 septembre 2011, à Bangkok. Il a été accusé de lèse-majesté après avoir posté des photos, des vidéos et des messages sur Facebook. Sur le blog thaienews, l’utilisateur « mmmp » affirme que le réseau social aurait lui-même donné les informations nécessaires à son arrestation. Contacté par RSF, Facebook a affirmé n’avoir reçu aucune requête concernant Surapak Phuchaisaeng. Celui-ci pourrait également être inculpé pour violation du Computer Crime Act. Sa demande de mise en liberté provisoire a été rejetée.
Un correspondant de RSF a pu rencontrer le net-citoyen en prison, le 9 septembre 2011 et observer ses conditions de détention. Surapak Phuchaisaeng dépend de sa famille pour manger à sa faim ; il n’a à ce jour reçu aucune visite.
Au cours de cette visite, notre correspondant a également pu s’entretenir avec Thanthawut Thaweewarodomkul, condamné en mars 2011 à 13 ans de prison pour lèse-majesté. En attente de son appel, il est détenu dans une cellule de 25 m² avec une trentaine de prisonniers, dans des conditions d’hygiène déplorables. Il a affirmé avoir été agressé par d’autres prisonniers en raison des charges pesant contre lui.
Une répression systématique
Le 3 août 2010, Ampon Tangnoppakul a été arrêté pour les mêmes motifs. Il est accusé d’avoir envoyé des SMS « inappropriés et insultant la monarchie » à Somkiat Klongwattanasuk, secrétaire d’un ancien Premier ministre thaïlandais, Abhisit Vejjajiva. Des témoins à charge et à décharge devraient être entendus par la cour lors de nouvelles audiences, les 23, 27, 28, 29 et 30 septembre prochain. Un verdict est attendu avant le 31 octobre 2011. Ampon Tangnoppakul, connu sous le nom « oncle SMS », avait été arrêté l’année dernière pour violation du Computer Crime Act.
Des moyens disproportionnés ont été mis en place lors de son arrestation : une quinzaine de policiers accompagnés d’un lieutenant général, de deux colonels et de deux lieutenants colonels sont venus l’arrêter à son domicile, dans la province de Samutprakarn.
Ampon Tangnoppaku, qui risque jusqu’à vingt ans de prison, aurait admis être le propriétaire des téléphones incriminés, mais aurait nié être l’auteur des SMS. Âgé de 60 ans et souffrant d’un cancer de la langue, l’état de santé d’Ampon Tangnoppakul pourrait se détériorer gravement en cas d’incarcération prolongée. Malgré plusieurs demandes de son avocat, la cour a jusqu’à présent toujours refusé de le libérer sous caution. Reporters sans frontières demande l’abandon immédiat des charges pesant contre lui.
(. . .)