JED est préoccupée par les abus de l'ANR, qui s'est distinguée comme le service le plus répressif du pays en matière de liberté de la presse.
(JED/IFEX) – Kinshasa, le 10 décembre 2009 – 75 cas d’atteintes à la liberté de la presse ont été constatés en RD Congo par Journaliste en danger (JED) au cours de l’année 2009 contre 110 cas pour l’année 2008. Soit une amélioration de la situation de l’ordre de 31,8%. L’Agence nationale des renseignements (ANR), particulièrement ses services en province, apparaît comme le service le plus répressif de la liberté de la presse avec 26 cas sur les 75 cas observés au cours de l’année qui s’achève. Kinshasa, qui concentre le plus grand nombre de journalistes et médias, est la ville la plus répressive avec 28 cas sur le total observé. La province du Sud-Kivu à l’est de la RD Congo demeure la plus dangereuse pour les journalistes avec un journaliste tué. Le troisième de la série depuis 2007. C’est ce qui ressort du Rapport annuel 2009 publié jeudi 10 décembre 2009 à Kinshasa à l’occasion de la commémoration de la journée mondiale des droits de l’Homme.
Dans ce rapport, dont le titre est « Liberté de la presse au quotidien : entre la peur et la survie », JED a également observé le fait que le recul de la répression contre la liberté de la presse ne s’est pas accompagnée, au cours de cette année, d’une amélioration qualitative du contenu des médias.
L’explication à ce paradoxe, JED la situe dans « la psychose de peur » et « les préoccupations de survie » dans le chef des journalistes et médias. En effet, depuis 2005, au moins un journaliste est tué en RD Congo chaque année. Le fiasco des enquêtes et les procès qui s’ensuivent ou pas ne sont pas pour sécuriser les professionnels des médias. Des sujets dits sensibles ne sont plus traités ou le sont de manière superficielle.
En outre, face à la crise économique qui n’épargne pas les entreprises de presse, aux salaires insuffisants ou qui ne tombent plus et à l’effritement du marché de la publicité, la communication institutionnelle et la propagande ont pris le dessus sur l’information. Les questions de société derrière lesquelles ne se trouve aucun sponsor trouvent très peu de place dans la plupart des médias.
JED a, par ailleurs, constaté que les opérations militaires engagées par les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) contre les groupes armés ont été aussi à la base de la décision prise par le gouvernement de couper le signal d’émission en modulation de fréquences, de la radio française RFI (Radio France Internationale), accusée de « démobiliser les forces engagées au front ». Décision que JED a qualifié d’improductive pour le droit du public à l’information. Dans le même ordre d’idées, JED a déploré les conditions d’accréditation en RD Congo des journalistes de la presse étrangère qui ont été renforcées.
Concernant les autres pays d’Afrique centrale qui font l’objet de ce rapport, JED note également que les crises politiques, les élections et l’instabilité qui ont caractérisé la région de l’Afrique centrale ont porté des coups durs au travail des journalistes et des médias désormais soumis à la censure et à l’autocensure. Au Congo/Brazzaville, JED a stigmatisé le chaos des enquêtes policières sur la mort de Bruno Jacquet Ossébi et sa famille à la suite d’un incendie dont l’origine tarde à être élucidée. Neuf mois après la mise sur pieds de la commission rogatoire chargée d’élucider ce mystère dans la huitaine, aucune conclusion n’a été rendue publique.
Le rapport de JED met aussi l’accent sur le Cameroun qui est devenu, en 2009, la plus grande prison d’Afrique centrale avec quatre journalistes condamnés à de lourdes peines de prison ferme pour diffamation.
« Liberté de la presse au quotidien : entre la peur et la survie »