(RSF/IFEX) – Le 11 décembre 2002, les autorités ont libéré Zaiba Malik et Bruno Sorrentino, journaliste et cameraman de Channel 4, de la prison de Dhaka. Les deux journalistes ont été expulsés dans la soirée, mais le gouvernement a refusé de se prononcer sur le sort de Priscilla Raj et Saleem Samad qui avaient collaboré […]
(RSF/IFEX) – Le 11 décembre 2002, les autorités ont libéré Zaiba Malik et Bruno Sorrentino, journaliste et cameraman de Channel 4, de la prison de Dhaka. Les deux journalistes ont été expulsés dans la soirée, mais le gouvernement a refusé de se prononcer sur le sort de Priscilla Raj et Saleem Samad qui avaient collaboré avec l’équipe de télévision britannique. Par ailleurs, la police a arrêté, le 8 décembre, Muntasir Mamun et Shahriar Kabir, deux journalistes et militants des droits de l’homme, pour de possibles liens avec cette affaire.
RSF se félicite de la libération de Malik et Sorrentino, mais regrette que les personnes qui les ont aidés soient toujours traitées comme des criminels et des « conspirateurs ». L’organisation a exigé la libération immédiate et sans conditions de Raj et Samad, correspondant de RSF au Bangladesh. Enfin, l’organisation a demandé des informations sur les motifs de l’arrestation de Mamun et Kabir, qui pourrait être liée à l’enquête sur les activités de l’équipe de Channel 4.
« L’emprisonnement et l’expulsion de ces reporters montrent bien qu’il s’agit d’une affaire politique qui vise à faire peur aux journalistes étrangers qui souhaitent couvrir librement la situation au Bangladesh. Dans cette affaire, nous avons déjà assisté à une parodie de justice, des brutalités lors de l’interrogatoire de Saleem Samad, et maintenant une politique de deux poids, deux mesures entre les journalistes européens et les journalistes bangladeshis », a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
Le 11 décembre, les autorités de Dhaka ont procédé à l’expulsion de Malik et Sorrentino. Quelques heures auparavant, ils avaient été libérés de la prison de Dhaka après quinze jours de détention. Lors d’une conférence de presse, Reaz Rahman, ministre des Affaires étrangères, a déclaré que les deux journalistes avaient profité d’un « geste extraordinaire » de la part du gouvernement après qu’ils eurent exprimé leurs regrets d’avoir enquêté sans visa de presse sur la présence d’Al-Qaida dans le pays et qu’ils eurent accepté de n’utiliser aucune des vidéos tournées dans le pays. Rahman a expliqué que la situation de Raj et Samad serait examinée plus tard en application des « lois du pays. » Samad a, quant à lui, été arrêté le 29 novembre à Dhaka. Il a affirmé avoir été brutalisé par le policier Kohinoor Miah, lors de son interrogatoire.
Malik et Sorrentino, ainsi que leur traducteur, Raj, et leur chauffeur, Mujib, avaient été arrêtés par la police alors qu’ils étaient sur le point de franchir la frontière avec l’Inde, près de Benapole (est du pays). Tout au long de l’enquête, la police a empêché le bon déroulement de la justice.
Dans la nuit du 8 décembre, la police a arrêté à leurs domiciles Kabir, journaliste indépendant et militant des droits de l’homme, et Mamu, universitaire et éditorialiste, sans motifs apparents. Selon plusieurs sources à Dhaka, leur arrestation pourrait être liée à l’enquête de police sur le reportage de Channel 4. Dans la nuit du 10 au 11 décembre, Kabir a été victime d’un malaise cardiaque dans le commissariat de police où il était interrogé. La police a refusé que son médecin et sa famille lui rendent visite. Le 11 décembre, il devait être transféré, ainsi que Mamun, à la prison de Dhaka. Kabir avait déjà été emprisonné, fin 2001, pendant plus de deux mois après avoir enquêté sur les violences commises contre des hindous (consulter des alertes de l’IFEX du 8 février, 23 et 4 janvier 2002). Il avait été libéré sous caution, mais les charges de « sédition » pèsent toujours contre lui.
Une pétition demandant la libération de Samad et Raj est toujours disponible sur www.rsf.org.