(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au Premier ministre Zhu Rongji, RSF a protesté contre l’interdiction faite aux journalistes des médias étrangers de se rendre dans le village de Fanglin où l’explosion d’une école a provoqué la mort d’au moins trente-huit enfants. RSF considère que l’interpellation de plusieurs journalistes et photographes qui ont tenté de […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au Premier ministre Zhu Rongji, RSF a protesté contre l’interdiction faite aux journalistes des médias étrangers de se rendre dans le village de Fanglin où l’explosion d’une école a provoqué la mort d’au moins trente-huit enfants. RSF considère que l’interpellation de plusieurs journalistes et photographes qui ont tenté de couvrir ce drame est une atteinte à la libre circulation de l’information et au droit à informer. Robert Ménard, le secrétaire général de RSF, a souligné que l’attitude du gouvernement chinois témoigne de « la volonté d’occulter les responsabilités des autorités communistes dans cet accident. » Ménard s’est indigné de l’attitude du Premier ministre qui a « imposé aux médias publics une version officielle sur les circonstances de l’accident, en complète contradiction avec les dizaines de témoignages des familles des victimes. »
Selon les informations recueillies par RSF, des dizaines de journalistes, photographes et membres d’équipes de télévision de la presse étrangère et certains journalistes chinois ont été empêchés de se rendre dans le village de Fanglin, dans la province du Jiangxi, où l’explosion d’une fabrique de feux d’artifice clandestine située dans une école a provoqué la mort d’au moins trente-huit enfants et quatre professeurs. Les services de sécurité et les membres du bureau des affaires étrangères de cette province ont installé des barrages autour du village et ont interdit la zone à la presse. Au moins trois journalistes, notamment le journaliste de l’Agence France-Presse Phil Chetwynd, ont été interpellés pendant plusieurs heures et raccompagné manu militari vers la ville la plus proche.
Ces mesures interviennent alors que le Premier ministre Zhu Rongji a présenté à la presse une version officielle de cette explosion, reprise immédiatement par l’agence publique Xinhua et les principaux médias chinois. Le Premier ministre a affirmé que l’explosion est l’acte d’un « déséquilibré suicidaire », identifié par la police, qui serait entré dans l’école avec un sac rempli d’explosifs. Cette version est contredite par les dizaines de témoignages des familles et habitants du village, recueillis au téléphone par la presse internationale. Selon le père d’une des victimes, « le gouvernement cherche à couvrir ce qui s’est passé. Ne les croyez pas. » Il affirme que « les enfants étaient obligés d’assembler des feux d’artifice pendant leur pause déjeuner ». Cette fabrique clandestine aurait été organisée par l’un des professeurs dont le fils est le secrétaire du parti communiste du village.
Cette atteinte grave à la liberté d’informer intervient quelques semaines seulement après des menaces à l’encontre des médias étrangers qui ont enquêté sur l’immolation, le 23 janvier 2001, d’adeptes supposés de Falun Gong sur la place Tiananmen. Au moins six journalistes étrangers, de la chaîne américaine CNN et des agences Associated Press et Agence France-Presse, avaient été interrogés par la police qui les accusait d’être complices de Falun Gong. Des journaux officiels avaient accusé ces trois médias d’avoir encouragé l’immolation et les avaient menacé de poursuites judiciaires pour « homicide ». Un responsable de CNN a confirmé qu’une de ses équipes avait été interpellée, ce jour-là, aux abords de la place Tiananmen et que leurs cassettes vidéo avaient été confisquées par la police.
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