Les autorités françaises et maliennes empêchent l’accès des journalistes à moins de 100 km des zones de combat. La collecte d’information est rendue particulièrement difficile à Gao, où les réseaux de téléphonies ont été coupés en début de semaine, empêchant tout échange entre la population, les journalistes locaux et le reste du monde.
(RSF/IFEX) – 16 janvier 2013 – Reporters sans frontières appelle les autorités maliennes et françaises à autoriser les journalistes à couvrir librement les opérations militaires qui se déroulent au Mali depuis le 11 janvier 2013. Les journalistes internationaux et locaux sont bloqués, depuis le début de l’intervention militaire, à plus de 100 km des zones de combat.
« En période de conflit, c’est aux journalistes et à leurs médias, et non aux militaires, de déterminer les risques qu’ils sont prêts à prendre dans la collecte de l’information », a déclaré Reporters sans frontières. « Il est impératif que les journalistes soient libres de vérifier par eux-mêmes la situation sur le terrain sans se contenter des informations délivrées par les autorités des pays impliqués dans le conflit, en particulier lorsque les premières accusations d’exactions commises par des militaires surviennent. La situation actuelle représente une grave entrave à l’exercice de leurs fonctions ».
« Certains journalistes ont pu être “embarqués” avec des troupes, ce qui constitue une manière de couvrir le conflit. Elle ne saurait cependant pas être le seul moyen de rapporter les faits entourant l’intervention militaire. Le public ne peut se satisfaire des informations et images récoltées sous contrôle militaire ou directement transmises par l’armée », a précisé l’organisation.
Contraints de respecter les consignes militaires qui les tiennent éloignés des terrains d’opération en les empêchant de dépasser la ville de Ségou, les médias internationaux et locaux ont qualifié le début de ce conflit de « guerre à huis clos ». Les autorités françaises et maliennes empêchent l’accès des journalistes à moins de 100 km des zones de combat. La collecte d’information est rendue particulièrement difficile à Gao, où les réseaux de téléphonies ont été coupés en début de semaine, empêchant tout échange entre la population, les journalistes locaux et le reste du monde. Au matin du 16 janvier, quelques journalistes qui avaient été autorisés à accompagner les blindés français jusqu’à Sévaré ont été débarqués dès leur arrivée dans la ville de Ségou, plus au sud. D’après les informations recueillies par Reporters sans frontières, des journalistes de France 24 ont été bloqués par les autorités maliennes dans la ville de Sévaré, qui marque l’entrée dans la zone de combat, alors qu’ils tentaient de rejoindre les terrains d’opération par leurs propres moyens.