(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au Parquet général d’Ukraine, RSF a appuyé l’ensemble des demandes de la mère du journaliste assassiné Géorgiy Gongadze, après que le Parquet général a reconnu, le 26 février 2001, que le journaliste avait bien été assassiné. Malgré les résultats des analyses ADN, le Parquet général avait, jusqu’à présent, maintenu […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au Parquet général d’Ukraine, RSF a appuyé l’ensemble des demandes de la mère du journaliste assassiné Géorgiy Gongadze, après que le Parquet général a reconnu, le 26 février 2001, que le journaliste avait bien été assassiné. Malgré les résultats des analyses ADN, le Parquet général avait, jusqu’à présent, maintenu un doute sur l’identité du corps, privant les proches de la victime de tout droit dans la procédure.
« Nous espérons que cette reconnaissance va permettre l’avancée de l’enquête et mettre fin à des mois d’une attitude scandaleuse et indécente vis-à-vis des proches de la victime. Tout a été fait pour les empêcher de participer à l’enquête », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Nous demandons à nouveau, avec Madame Gongadze, une enquête impartiale, une nouvelle autopsie du corps, et la révocation du Procureur général en charge de l’enquête. Nous dénonçons, par ailleurs, les graves menaces et intimidations dont ont été victimes plusieurs journalistes au cours de ce mois », a ajouté Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, le Parquet général a reconnu, le 26 février, que le corps décapité retrouvé le 2 novembre 2000 aux alentours de Kiev était bien celui du journaliste Gongadze, et que ce dernier avait donc bien été assassiné. Le 11 janvier, le procureur général d’Ukraine, Mihailo Potebenko avait annoncé que le corps était « à 99,64% », selon les résultats de plusieurs analyses ADN, celui de Gongadze. Il avait néanmoins expliqué que de nouveaux témoignages de personnes disant avoir vu et reconnu Gongadze à Lviv (ouest du pays) après sa disparition, laissaient subsister un espoir de le retrouver vivant. Mme Gongadze avait jugé ces nouveaux témoignages « grotesques », visant à laisser planer un doute, malgré l’évidence, sur l’identité du corps.
Dans un rapport intitulé « La vérité mutilée : enquête sur l’assassinat du journaliste Géorgiy Gongadze » (disponible sur www.rsf.fr), RSF a dénoncé une accumulation de fautes, d’une exceptionnelle gravité, commises par les autorités judiciaires ukrainiennes tout au long de l’enquête sur l’enlèvement et l’assassinat du journaliste. L’instruction semble avoir été menée avec le souci premier de protéger l’exécutif des accusations dont il était l’objet, plutôt que de rechercher la vérité. La femme et la mère du journaliste disparu ont été tenues, le plus longtemps possible, à l’écart de l’enquête sur le corps décapité. L’épouse de Gongadze n’a été autorisée à aller voir le corps afin de tenter de l’identifier, qu’un mois après la découverte du corps décapité, gardé pendant treize jours dans une morgue de province sans aucun moyen de conservation au froid. Les autorités judiciaires ont également retardé la réalisation d’analyses ADN, refusé d’enquêter sur les menaces dont le journalistes avait fait l’objet de la part de services officiels dans les semaines précédant sa disparition, et obstinément refusé à la mère et à l’épouse du journaliste le statut de partie civile leur permettant d’intervenir dans la procédure.