Le journaliste a fait une publication sur sa page Facebook dans lequel les autorités de la région de Nouadhibou ont été prétendument mises en cause dans la gestion des fonds d’aide aux populations vulnérables aux effets de la COVID-19.
Cet article a été initialement publié sur mfwa.org le 19
La Foundation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest exhorte les autorités en Mauritanie a libérer Mohamed Salem Kerkoub de prison et a mettre fin aux harcèlement contre le journaliste indépendant et deux autres bloggeurs.
En ce qui constitue un nouvel incident de musèlement de la liberté d’expression sur internet et d’intimidation des citoyens à jouir pleinement de leurs droits fondamentaux, les autorités administratives et régionales de Nouadhibou, la deuxième ville importante de la Mauritanie, à 525 km de la capitale Nouakchott, ont le 7 Janvier 2021, emprisonné Kerkoub suite à la plainte du député-maire, Ghassem Ould Bellali. Kerkoub collabore avec le site d’informations www.mauritannet.blogspot.com.
Les autorités ont aussi placé sous contrôle judiciaire Mohamed Haibeitna Delchoul et Bilal Abdarrahmane qui ont assisté le journaliste dans la collecte d’information et la vérification des faits. Les deux sont tenus de se presenter au tribunal de Nouadhibou chaque jour.
Le 5 Janvier 2021 Salem Kerkoub a fait une publication sur sa page Facebook dans lequel les autorités de la région de Nouadhibou ont été prétendument mises en cause dans la gestion des fonds d’aide aux populations vulnérables aux effets de la COVID-19.
Le bloggeur aurait prétendu que les autorités administratives (gouverneur et préfet) et municipal (maire) n’ont pas respecté les modalités d’attribution de l’enveloppe financière de 2280 MRU (57 USD) destinés aux ménages. Salem a été déféré à la prison civile de Nouadhibou et poursuivi pour diffamation, calomnie et injure
Ceci est la seconde fois en six mois que le journaliste et activiste des réseaux sociaux est emprisonné pour ses publications.
Le 8 juin 2020, Salem Kerkoub, fut interpelé sur ordre du juge d’instruction du tribunal régional de Dakhlet Nouadhibou. Il sera détenu en prison pendant 30 jours. Le juge avait reproché à l’activiste, de ne pas s’être conformé aux contraintes d’un contrôle judiciaire auquel il aurait été soumis en janvier 2020 suite à une plainte déposée contre lui par le député et maire de la capitale économique de la Mauritanie, honorable El Ghassem Ould Bellali.
Cependant, suite à une médiation du Syndicat des Journalistes Mauritaniens (SJM), de quelques notabilités traditionnelles que Ghassem Ould Bellali, le maire de Nouadhibou avait retiré sa plainte. Le journaliste recouvra la liberté provisoire le 8 Juillet 2020, assorti d’un contrôle judiciaire.
Les critiques des journalistes, bloggeurs et des citoyens sur les réseaux sociaux en Mauritanie sont très mal perçues et réprimés avec des détentions et des amendes excessives des tribunaux.
Le 24 juin 2020, l’Assemblée nationale avait voté une nouvelle loi sur la publication sur les médias sociaux. La loi prévoit des sanctions pénales de trois mois à cinq ans, assorti d’amendes de 50 000 MRU (1,260 USD) à 200 000 MRU (5040 USD ) pour toutes publications considérées fausses.
La Fondation des Médias pour l’Afrique demande la libération d’Ahmed Mohamed Salem Kerkoub et la levée du contrôle judiciaire imposé à Mohamed Haibeitna Delchoul et Bilal Abdarrahmane.
Nous appelons les autorités publiques à être tolérants des critiques sur la gestion des affaires publics, et à recourir aux droits de réponses pour éclairer l’opinion public sur les faits sur lesquels ils sont mis en cause. Recourir à tout prix aux poursuites judiciaires contre des journalistes et citoyens sur la gestion des affaires publics, a plutôt le potentiel de violer la liberté d’expression consacrée par la constitution et indispensable dans tous régime démocratique. Cela compromet également les débats publics et la gouvernance participative, renforce la mal gouvernance et la corruption.