Le ministère de l’Information a menacé de prendre des mesures contre les médias arabes et étrangers et leurs correspondants entrés illégalement au pays, ainsi que contre toutes personnes collaborant avec eux.
(RSF/IFEX) – Le 13 mars 2012 – Alors que le ministère syrien de l’Information a menacé, le 9 mars 2012, les médias arabes et étrangers et leurs correspondants entrés illégalement en Syrie, les arrestations de journalistes et blogueurs syriens continuent.
Dans un communiqué publié le 9 mars 2012, le ministère syrien de l’Information a menacé de prendre des mesures contre les médias arabes et étrangers et leurs correspondants entrés illégalement en Syrie, ainsi que contre toutes personnes collaborant avec eux. Le ministre les accuse de complicité avec les “terroristes”, en couvrant leurs activités, en “faisant l’apologie de leurs crimes”, et en “fabriquant de fausses informations”.
Le ministre a réitéré sa position selon laquelle les médias qui font entrer de manière illégale des journalistes sont responsables légalement et moralement des conséquences qui peuvent advenir. Ces propos viennent faire écho à la position des autorités syriennes suite au bombardement du Centre des médias de Bab Amr, dans lequel Rémi Ochlik et Marie Colvin avaient trouvé la mort, et Paul Conroy et Edith Bouvier avaient été blessés, et s’étaient retrouvés pris au piège avec William Daniels et Javier Espinosa, dans l’enfer du quartier.
Si les autorités syriennes annoncent fièrement avoir donné des autorisations à 365 médias arabes et étrangers depuis le début du soulèvement en mars 2011, Reporters sans frontières recense au quotidien des refus de la part des services consulaires syriens à l’étranger de délivrer des visas à des médias ou des journalistes freelance. Par ailleurs, encore faut-il que les médias autorisés à entrer puissent travailler de manière libre et indépendante, sans risque d’interpellation ou d’y trouver la mort.
En parallèle de ces menaces ouvertes prononcées par le ministre, les arrestations continuent.
Le 8 mars dernier, Othman Matar, père du journaliste Gheith Matar, a été arrêté.
Le 7 mars dans la soirée, les forces de sécurité syriennes ont arrêté douze jeunes au restaurant Niniar, dans le quartier de Bab Sharqi à Damas, parmi lesquels Yara Michael Shamas, 20 ans, spécialiste en informatique, fille de l’avocat et militant des droits de l’homme connu pour ses activités sur Facebook, ainsi que le blogueur Jehad Jamal, plus connu sous le nom de “Milan”, qui avait été libéré le 29 décembre dernier. A également été arrêtée Etab Labbad, 20 ans. Etudiante en journalisme, elle collabore à plusieurs journaux et sites Internet, tels que Kassioun et Baladna.
Par ailleurs, neuf personnes, sur les seize arrêtées le 16 février dernier dans la rafle qui a visé le Syrian Center for Media, sont toujours incarcérées, parmi lesquelles, Mazen Darwish, directeur du Centre. Son également toujours détenus : Hussein Gharir, Hani Zitani, Joan Fersso, Bassam Al-Ahmed, Mansour Al-Omari, Abdel Rahman Hamada, Ayham Ghazzoul et Shady Yazbek.
Reporters sans frontières renouvelle son appel à leur libération.
Reporters sans frontières rappelle que la Syrie est sur la liste des ‘Ennemis d’Internet’ publiée le 12 mars 2012. Les centres de médias des comités locaux de coordination se sont vu décerner le prix 2012 du Net-Citoyen. Le pays figure à la 176e place (sur 179) du classement 2011/2012 de la liberté de la presse.
(. . .)