(RSF/IFEX) – RSF est indignée par l’acharnement dont font preuve les autorités marocaines à l’égard d’Ali Lmrabet, directeur de publication de « Demain Magazine », récemment condamné à une peine de quatre mois de prison et à une amende de 30 000 dirhams (environ 2 600 $US ; 3 000 euros). « Alors que le journaliste a eu […]
(RSF/IFEX) – RSF est indignée par l’acharnement dont font preuve les autorités marocaines à l’égard d’Ali Lmrabet, directeur de publication de « Demain Magazine », récemment condamné à une peine de quatre mois de prison et à une amende de 30 000 dirhams (environ 2 600 $US ; 3 000 euros). « Alors que le journaliste a eu des difficultés pour réunir le montant de l’amende, le tribunal fait désormais tout ce qu’il peut pour ne pas l’encaisser. Par ailleurs, les autorités n’ont aucun scrupule à faire pression sur le distributeur de « Demain Magazine ». C’est honteux. En dehors de toute légalité, les autorités montrent qu’elles sont prêtes à tout pour fermer un des rares journaux qui tentent d’informer librement », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Nous demandons, une nouvelle fois, au roi Mohammed VI d’intervenir personnellement pour que « Demain Magazine » soit mis normalement en vente et de s’engager publiquement à garantir la liberté de la presse », a-t-il ajouté.
Selon les informations recueillies par RSF, Lmrabet, directeur de publication de « Demain Magazine », condamné, le 21 novembre 2001, à une peine de quatre mois de prison et à une amende de 30 000 dirhams par le tribunal de Rabat, était parvenu à réunir la somme qu’on avait exigé de lui le 4 décembre au soir. Le 7 décembre, le parquet de Rabat a tout d’abord refusé le chèque fourni par le journaliste, exigeant une lettre d’accompagnement. Une fois la lettre fournie, le parquet a réclamé la somme d’argent en liquide. L’avocate du journaliste de retour avec l’argent en liquide et la lettre, a alors trouvé la caisse du tribunal fermée et a appris que le procureur était absent. Dans le même temps, Lmrabet était informé que le distributeur de son journal avait été obligé de signer une déclaration dans laquelle il s’engageait à ne pas distribuer « Demain Magazine ».
Lmrabet était poursuivi pour « diffusion de fausses informations portant atteinte à l’ordre public ou susceptibles de lui porter atteinte ». L’article de « Demain Magazine » intitulé « Le Palais de Skhirat serait en vente », publié le 20 octobre, avait été qualifié par le procureur de première instance de Rabat de « tissu de fausses informations et d’allégations totalement mensongères ». « Ils veulent nous humilier. C’est le Maroc d’aujourd’hui », avait déclaré à RSF Lmrabet. Pour lui, les véritables raisons de ces poursuites sont, entre autres, la publication (dans le numéro du 27 octobre) des bonnes feuilles du dernier ouvrage de Jean-Pierre Tuquoi sur le Maroc, « Le Dernier roi », ainsi que ses articles sur Moulay Hicham, le cousin du roi. Alors que le journaliste avait décidé de ne pas faire appel, c’est le parquet qui a, le 1er décembre, interjeté appel dans cette affaire.
Le 7 décembre, vers 17h00 (heure marocaine), le parquet de Rabat a fini par encaisser l’amende de 30 000 dirhams. « Demain Magazine » était dans les kiosques le 8 décembre au matin. Cependant, le même jour, l’hebdomadaire a été saisi par la police après sa mise en vente. Lmrabet avait pourtant payé l’amende.