Mohammad Seifzadeh est l'avocat de plusieurs journalistes emprisonnés et Alireza Rajai collabore avec plusieurs journaux réformateurs.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières condamne l’arrestation, il y a près de deux semaines, de Me Mohammad Seifzadeh, avocat de plusieurs journalistes emprisonnés et membre fondateur du Cercle des défenseurs des droits de l’homme, présidé par Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix, et celle d’Alireza Rajai, journaliste et collaborateur de plusieurs journaux réformateurs.
Le 22 avril 2011, Mohammad Seifzadeh a informé sa famille qu’il avait été arrêté par les agents du ministère des Renseignements dans la ville d’Ourmia (nord-est du pays) et qu’il y était actuellement détenu. Il est accusé d' »action contre la sécurité nationale ». Sa famille était restée sans nouvelles de lui pendant les deux semaines qui ont suivi son arrestation. Son fils, qui a pu le rencontrer, le 23 avril pendant deux minutes seulement, a déclaré aux médias : « Il était très affaibli et malade ». Son avocate, présente sur les lieux, n’a pas pu s’entretenir avec son client.
En octobre 2010, Mohammad Seifzadeh avait été condamné par la 15e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran à neuf ans de prison et dix ans d’interdiction d’exercer, pour avoir contribué à fonder le Cercle des défenseurs des droits de l’homme. Abdolfattah Soltani et Mohammad Ali Dadkhah, deux autres avocats éminents, ont été emprisonnés et condamnés suite aux mouvements de protestation contre la réélection à la Présidence de Mahmoud Ahamadinejad en juin 2009.
Le Cercle des défenseurs des droits de l’homme regroupe plusieurs avocats et défenseurs des droits de l’homme, qui défendent gratuitement les prisonniers politiques, et notamment les journalistes emprisonnés. Leurs activités sont considérées comme « illégales » par le gouvernement depuis 2006. L’organisation a toujours contesté cette décision.
Mohammad Seifzadeh rejoint en prison sa consoeur Nassrin Soutodeh, arrêtée le 5 septembre 2010 et condamnée à onze ans de prison. Cette arrestation illustre la continuité de la répression en Iran. Il est inadmissible que les autorités iraniennes recourent de manière quasi systématique à l’arrestation des avocats. Nous appelons les associations d’avocats à travers le monde à se mobiliser afin d’exiger leur libération immédiate.
Le 24 avril 2011, Alireza Rajai, journaliste et collaborateur de plusieurs journaux réformateurs, a été arrêté par les agents du ministère des Renseignements et transféré vers un lieu inconnu. L’agence officielle Fars News, proche des services de sécurité, a rendu cette information publique, en accusant le journaliste d’action contre la sécurité nationale. Alireza Rajai travaille avec des journaux comme « Jameh », « Tous » ou « Aser Azadaeghan » (tous suspendus en 2000) et est membre de la direction de l’Association des journalistes iraniens (interdit depuis août 2009). Arrêté en juin 2009, il avait été libéré quelques jours plus tard.
Par ailleurs, les rivalités au sommet du pouvoir entre les clans d’Ali Khamenei et de Mahmoud Ahmadinejad font des victimes parmi les médias pro-gouvernementaux, plusieurs sites proches du Président ayant été rendus inaccessibles après la publication d’articles soutenant la décision prise le 17 avril 2011 par Mahmoud Ahmadinejad de limoger le ministre des Renseignements, décision rejetée par le Guide suprême Ali Khamenei. Au mépris de la décision présidentielle, le ministre est resté en fonction. Par ailleurs, le directeur de l’agence officielle IRNA, qui avait refusé de publier la lettre d’Ali Khamenei qui exprimait son soutien au ministre des Renseignements, a été convoqué par le Parquet de Téhéran, malgré ses excuses publiques.
Dans un communiqué officiel publié le 21 avril, le bureau d’Ali Khamenei a sévèrement critiqué la publication par IRNA d’un article sur le dernier discours du « leader », au lieu de publier l’intégralité dudit discours, dans lequel le Guide suprême justifiait son intervention dans l’affaire du limogeage du ministre des Renseignements au nom de « l’intérêt suprême », allant jusqu’à qualifier de « peu importante » la divergence entre lui et le gouvernement.
« Après la fermeture de nombreux journaux et la censure d’Internet, Ali Khamenei s’en prend désormais à l’agence officielle du pays, qu’il voudrait réduire à un simple organe de communication pour son propre bureau », a déclaré Reporters sans frontières.