Septembre 2022 en Afrique. Un tour d'horizon de la liberté d’expression produit sur la base des rapports des membres de l'IFEX et des nouvelles de la région, par Reyhana Masters, rédactrice régionale de l'IFEX.
Ceci est une traduction de la version originale de l’article.
Le voyage vers le Forum sur la liberté d’Internet en Afrique 2022 (FiFAfrica2022) a commencé avant même que les parties prenantes, les panélistes et les participants ne se réunissent à Lusaka, en Zambie, en septembre. L’événement, organisé par Collaboration on International ICT Policy for East and Southern Africa (CIPESA) en partenariat avec le ministère zambien de la technologie, a vu un retour à une conférence en présentiel, après une interruption de 2 ans en raison de la COVID-19.
L’élan de cet événement annuel, qui réunit des décideurs politiques, des représentants du gouvernement, la société civile, des médias, des défenseurs de la liberté des médias, des militants de la liberté d’expression et de l’accès à l’information, des entreprises technologiques et des technologues en Afrique, a été lancé par l’expert ougandais en sécurité numérique Andrew Gole.
[ Traduction: Une parade de bienvenue retentissante pour @goleandrew, un expert en sécurité numérique qui vient de faire tout le chemin de l’#Ouganda à la #Zambie à moto avant le #FIFAfrica22 et a échangé avec les communautés autour de la #SecuritéNumérique en cours de route dans 6 pays. Incroyable !
Gole a combiné sa passion pour les motos avec son engagement envers la sécurité numérique pour sensibiliser autour de son travail et du #FiFAfrica2022 en se rendant à moto en Zambie via le Rwanda, la Tanzanie et le Malawi. « Je travaille au carrefour de la technologie et de la sécurité numérique avec de nombreuses communautés en dehors de Kampala qui sont difficiles d’accès, donc, je me déplace généralement à moto et cela m’a donné l’idée de voyager à Lusaka de la même manière. Je voulais attirer l’attention sur l’importance de la sécurité numérique et interagir avec les communautés rencontrées en cours de route », a-t-il expliqué.
L’élan a continué quand Ourveena Gerveesha Topsy Sonoo, la Rapporteure spéciale sur la liberté d’expression et l’accès à l’information de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), a officié à l’ouverture, qui coïncidait à point nommé avec la célébration de la Journée internationale de l’Accès à l’information (IDUAI). Les conférenciers travaillant sur la promotion de la libre circulation de l’information ont apporté leurs idées et leurs approches pour combler les lacunes des pratiques et des politiques affectant l’accès à l’information en Afrique.
[Traduction : Des militants africains de la libre expression discutent avec la Rapporteure spéciale de la @CADHP sur la #LibertéExpression et l’ #AccessALInformation à propos des collaborations possibles et de comment soutenir son bureau et vice versa. #FIFAAfrica22 #InternetFreedomAfrica @MediaGFMD @MICTNamibia @IFEX @unescoROSA ]
L’intérêt s’est encore accru alors que les organisations informaient sur de nouvelles initiatives telles que la Déclaration namibienne des droits numériques présentée par l’Institut namibien de recherche sur les politiques publiques lors d’une session sur l’intégration des droits humains dans la législation et l’élaboration des politiques en matière de cybercriminalité.
[ Traduction : VOUS AVEZ LA PAROLE ! Commentez le projet de Déclaration namibienne des droits numériques, une initiative d’ACTION Coalition (@AccessNamibia) . Consultez le projet de Déclaration namibienne des droits numériques sur le lien suivant https://bit.ly/3ybnRUw. Envoyez vos commentaires à info@ippr.org.na ]
Global Digital Partners a présenté sa plateforme LEXOTA mise à jour et repensée, qui mène une veille sur les lois, les politiques et les tendances de la désinformation en Afrique subsaharienne, afin de mieux servir les OSC et les groupes qui luttent contre la désinformation. »
Lors de leur présentation intitulée Making Social Media Companies Listen (Obliger les réseaux sociaux à écouter) les membres du conseil d’administration de Meta Oversight Afia Asantewaa, Asare-Kyei et Abigail Mpabwa Bridgman ont parlé de l’importance du contexte culturel pour la modération de contenu sur les sujets du continent africain.
Advox, le projet sur les droits numériques de Global Voices, a averti dans sa présentation qu’ « une diminution de la liberté de la presse est généralement un marqueur majeur de la montée de l’autoritarisme numérique », notamment parce qu’elle crée une tolérance aux abus législatifs.
L’événement bien rempli de quatre jours s’est terminé par le lancement du nouveau rapport de CIPESA sur l’état de la liberté d’Internet : La montée de la surveillance biométrique, axée sur les programmes de collecte de données biométriques liés aux enregistrements d’état civil – tels que la délivrance de cartes d’identité nationales, l’inscription biométrique des électeurs et les programmes d’identification, les programmes de vidéosurveillance dirigés par les gouvernements avec des capacités de reconnaissance faciale, les initiatives nationales pour le passeport électronique, l’enregistrement des réfugiés et l’enregistrement obligatoire de la carte SIM biométrique.
[ Traduction : Lors du #FIFAfrica22 hier, nous avons également lancé le Rapport sur l’état des libertés sur Internet en Afrique. Il analyse la montée de la #Biometrie dans la surveillance sur le continent, couvrant 16 pays. Les détails peuvent être trouvés ici #LibertéInternetAfricque ]
L’Afrique célèbre la 2e Journée internationale de l’accès universel à l’information
En tant que continent qui a mené la campagne de plaidoyer pour faire reconnaître le 28 septembre comme la Journée internationale de l’accès universel à l’information, l’Afrique l’a célébrée avec des événements et des réflexions axés sur le thème de cette année : « Intelligence artificielle, e-gouvernance et accès à l’information ».
[ Traduction : Alors que @MediaCouncilK se joint au monde pour célébrer la Journée internationale de l’accès universel à l’information, on nous rappelle notre droit de savoir, et comment il est renforcé par les lois sur l’accès à l’information et leur mise en œuvre. #IDUAI2022 #AccessToInformationDay
.@MediaCouncilK, en partenariat avec @katibainstitute .@TIKenya, marquera la #IDUAI22 de cette année sous le thème Intelligence artificielle, e-gouvernement et accès à l’information, en tant qu’outil pour améliorer la participation des citoyens à la gouvernance.@SpokespersonGoK. @NorwayInKenya ]
Dans son message régional pour l’#IDUAI, Media Foundation for West Africa (MFWA) a souligné que « l’absence d’infrastructures appropriées de conservation et de traitement de l’information est apparue comme l’un des principaux revers dans le paysage de l’accès à l’information dans la région ». MFWA a également lancé la première de sa série d’explications sur les lois sur l’accès à l’information en Afrique de l’Ouest.
En reconnaissance de son travail soutenu de défense du droit à l’information, la Commission du droit à l’information du Ghana a honoré MFWA: « Vous cherchez à protéger, consolider et étendre la fondamentale liberté d’expression de toutes les personnes. En faisant cela, vous rendez le monde meilleur », lit-on dans la citation.
Le Media Institute of Southern Africa (MISA), membre de l’IFEX, a exhorté les gouvernements africains à adopter une approche fondée sur les droits humains pour élaborer des politiques d’intelligence artificielle (IA) qui favorisent l’accès à l’information et l’amélioration de la gouvernance en ligne, au lieu de considérer l’IA « comme un moyen d’espionner les communications des citoyens, de porter atteinte au droit à la vie privée et d’entraver l’accès à l’information. »
S’exprimant lors d’une conférence mondiale sur l’accès universel à l’information qui se tenait à Tachkent, en Ouzbékistan, Gilbert Sendugwa, directeur exécutif du membre de l’IFEX Africa Freedom of Information Centre (AFIC), a aidé à comprendre la compréhension du contexte africain alors qu’il exposait les moyens d’assurer la participation et la redevabilité à l’ère numérique.
[ Traduction : AFIC est en direct à Tachkent, en Ouzbékistan, à la Conférence mondiale sur l’accès universel à l’information pour marquer la #IDUAI @UNESCO @GilbertSendugwa @IFEX @UNHumanRightsUG @IDRC_CRDI @IDRC_ESARO @EUinUG ]
Les journalistes sportifs attaqués
En septembre, deux incidents distincts dans deux pays différents ont illustré une tendance inquiétante : les professionnels des médias spécialisés dans le sport sont sous le feu des attaques. En Ouganda, le photographe Johnson Were a été taclé par un joueur/entraîneur de rugby pour avoir filmé une bagarre hors du terrain lors d’un tournoi de rugby à sept. Ensuite, un groupe de supporters voyous de l’un des clubs de football populaires du Ghana, le FC Kotoko de Kumasi, a envoyé une menace de mort à six journalistes pour leur couverture négative de l’équipe. Les six journalistes sont Obeng Kweku Andy, Benedict Kwadwo Mensah, Nuhu Adams, Owusu Bempah, Rockson Adjei Yeboah et Richmond Opoku.
Au cours de l’année 2022, d’autres attaques contre des journalistes sportifs ont été enregistrées.
Après un match de football tendu en juin, le journaliste sportif nigérian Tobi Adepoju a été agressé par des fans du FC Shooting Stars, avant d’être sauvé par des policiers qui ont tiré en l’air pour disperser la foule. Un mois plus tôt, la journaliste camerounaise Eyong Macdella Bessong avait été agressée et insultée lors d’un match de football, après que les responsables du stade aient refusé de reconnaître son accréditation électronique de journaliste, l’accusant d’être une travailleuse du sexe. Dans le premier cas, le club a été condamné à une amende et obligé d’indemniser le journaliste.
[ Traduction : #Cameroon: #EyongMacdellaBessong, journaliste au média sportif @Kick4422, a été agressée par un policier alors qu’elle couvrait un match de football à Buea le 18 mai. #CFWIJ condamne l’attaque contre Eyong et exige des mesures contre l’auteur.]
En bref
Les attaques inquiétantes contre les radiodiffuseurs en Afrique se poursuivent, avec la station de radio confessionnelle Radio Evangélique Butembo-Oicha, dans la province agitée du Nord-Kivu en République démocratique du Congo : elle a été attaquée par des hommes armés qui ont volé du matériel et agressé un technicien. Des dizaines de stations de radio au Nigeria et au Malawi ont été fermées ou risquent de fermer sur ordre des organismes respectifs de réglementation de la radiodiffusion. Lors d’une réunion avec la commission parlementaire sur les médias, l’information et les communications, MISA-Malawi a évoqué l’annulation des licences de diffusion par l’Autorité de régulation des communications du Malawi (MACRA).
Le 8 septembre, le parlement ougandais a adopté l’amendement du projet de loi 2022 dénommé Computer Misuse (utilisation indue de l’ordinateur), que le CIPESA décrit comme « une loi régressive sur l’utilisation abusive des médias sociaux et les discours de haine ». Uganda’s Human Rights Network for Journalists a écrit au président Yoweri Museveni pour lui demander de ne pas promulguer cette loi.
Le journaliste nigérian Olamilekan Hammed, qui a été arrêté en avril de cette année, est toujours en prison en raison des complexes conditions de libération sous caution fixées par la Haute Cour de l’État d’Ogun.
Le régulateur guinéen – la Haute autorité de la communication (HAC) – a suspendu N’Faly Guilavogui, le directeur adjoint du groupe de médias Evasion Guinée, pendant 10 jours en septembre. Son interdiction temporaire d’exercer aurait été imposée pour avoir enfreint « l’éthique et la déontologie, ainsi que le code de bonne conduite des journalistes guinéens en diffusant un extrait d’un communiqué publié par l’Association nationale de la jeunesse de Konia ».
Dans ce que PEN International a décrit comme une parodie de justice, l’auteur et cinéaste zimbabwéen primé Tsitsi Dangarembga et sa collègue manifestante Julie Barnes ont été reconnus coupables d’incitation à la violence publique pour avoir participé à une manifestation pacifique en 2020.
L’Alliance des médias du Zimbabwe, qui comprend la section zimbabwéenne du Media Institute of Southern Africa, membre de l’IFEX, s’est inquiétée de l’achat et de l’utilisation par le gouvernement d’un système de surveillance du trafic des télécommunications, qui, selon elle, pourrait exposer les citoyens à la surveillance de l’Etat.
Suite à l’arrestation et à la condamnation de Lawrence Muchinda pour diffamation du président Haikande Hichelema dans une vidéo sur TikTok, le porte-parole de la police zambienne Rae Hamoonga a déclaré : « Les services de police zambiens souhaitent avertir les personnes qui ont l’habitude de commettre des infractions pénales dans le cyber espace qu’il est révolu, le temps où ils pouvaient commettre des infractions et s’attendre à ne pas être retrouvés et arrêtés ».
La journaliste de RDC Tatiana Osango a été agressée sexuellement devant le siège du parti d’opposition Ecidé, par des partisans du parti, armés de pierres et de machettes. Les assaillants l’ont attaquée avec son chauffeur et ont menacé de la violer et de la tuer. Elle a été dépouillée de ses biens et de 700 dollars américains lors de l’attaque. Muthoki Mumo, représentant du CPJ pour l’Afrique subsaharienne à Nairobi, a déclaré : « Les tentatives de faire taire la presse – que ce soit par des attaques sexistes ou des violences policières – envoient un message effrayant que les journalistes ne sont pas en sécurité pour travailler en RDC ».
Un tribunal éthiopien a accepté la demande de la police de maintenir en détention Gobeze Sisay, rédacteur en chef et fondateur de The Voice of Amhara sur YouTube, et Meaza Mohammed, fondateur et rédacteur en chef de Roha TV, également sur YouTube. Les deux journalistes avaient été arrêtés en raison de leur travail.