(RSF/IFEX) – Le 20 novembre 2001, les corps des quatre journalistes abattus sur la route entre Kaboul et Jalalabad ont été amenés à l’hôpital de Jalalabad où ils ont été formellement identifiés par leurs collègues. Il s’agit donc de Harry Burton, 33 ans, cameraman pour Reuters Video News ; Azizullah Haidari, 33 ans, photographe d’origine […]
(RSF/IFEX) – Le 20 novembre 2001, les corps des quatre journalistes abattus sur la route entre Kaboul et Jalalabad ont été amenés à l’hôpital de Jalalabad où ils ont été formellement identifiés par leurs collègues. Il s’agit donc de Harry Burton, 33 ans, cameraman pour Reuters Video News ; Azizullah Haidari, 33 ans, photographe d’origine afghane pour l’agence de presse Reuters ; Maria Grazia Cutuli, 39 ans, envoyée spéciale en Afghanistan du quotidien italien « Corriere della Serra » ; Julio Fuentes, 46 ans, grand reporter du quotidien espagnol « El Mundo ».
De nouveaux témoignages permettent de mieux comprendre les circonstances de leur mort. Selon des témoins interrogés à Jalalabad, l’attaque s’est produite au niveau du pont de Tangi Abrishum (province de Kaboul). Les hommes armés ont fait sortir les journalistes des voitures et leur ont dit : « Vous êtes des Américains ». Les journalistes ont répondu qu’ils étaient des journalistes européens se rendant à Kaboul. Les assaillants les ont obligés à les suivre et ont tenté de les faire monter sur la colline qui borde la route. Devant leur refus, ils les ont frappés et leur ont jeté des pierres. Les inconnus auraient alors déclaré : « Vous pensez que les taliban sont finis? Nous sommes toujours au pouvoir et nous nous vengerons ». Quelques instants plus tard, les hommes armés ont ouvert le feu sur Cutuli et l’un des trois journalistes. Les chauffeurs se sont alors enfuis vers les autres voitures du convoi. Les deux autres journalistes ont été tués peu après.
Selon Haji Sher Shah, un commandant de l’Alliance du Nord à Jalalabad, les meurtriers ne seraient pas des taliban mais des voleurs cherchant à rejeter la responsabilité de leurs exactions sur les hommes du mollah Omar en déroute dans cette province. Selon les témoignages, les assaillants s’exprimaient en pachto, portaient des vêtements traditionnels afghans, des barbes et des turbans. Selon toute vraisemblance, il s’agit d’Afghans.
Les quatre journalistes étaient expérimentés. Haidari, réfugié afghan au Pakistan, travaillait pour l’agence Reuters depuis 1992. Il avait beaucoup travaillé pour devenir photographe de l’agence. Il était marié et père d’un garçon et d’une fille. Récemment, il avait exprimé son désir de revenir s’installer dans son pays. Son collègue Burton, originaire de Brisbane en Australie, avait été embauché par Reuters voici vingt mois. Il s’était fait connaître pendant la guerre au Timor oriental, en couvrant, en 1999, le déchaînement de violence des milices et de l’armée indonésienne contre les Timorais.
Cutuli et Fuentes avaient publié un scoop la veille de l’embuscade sur la découverte de bouteilles contenant du gaz sarin dans un camp d’entraînement afghan abandonné, près de Jalalabad. Cutuli, d’origine sicilienne, travaillait pour le « Corriere della Sera » depuis 1997 pour lequel elle avait couvert de nombreux conflits. Enfin, Fuentes avait été envoyé par « El Mundo » en Bosnie, au Salvador, en Tchétchénie. Il était marié à une journaliste d' »El Mundo ».