(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme en ex-Yougoslavie, Jiri Diensbier, RSF s’est inquiétée des restrictions de papier qui touchent les médias indépendants serbes. « En privant ces journaux de la matière première nécessaire à leur parution, le régime de Slobodan Milosevic inaugure une nouvelle forme […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme en ex-Yougoslavie, Jiri Diensbier, RSF s’est inquiétée des restrictions de papier qui touchent les médias indépendants serbes. « En privant ces journaux de la matière première nécessaire à leur parution, le régime de Slobodan Milosevic inaugure une nouvelle forme de censure en Serbie », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Nous vous demandons d’intervenir personnellement afin que les journaux concernés soient approvisionnés en fonction de leurs besoins et qu’ils ne soient pas contraints de cesser leur activité ».
Selon les informations recueillies par RSF, depuis la fin du mois de mai 2000, les quotidiens indépendants, et notamment « Blic », « Danas » et « Glas javnosti », sont confrontés à une pénurie de papier, qui s’est accentuée au cours des dernières semaines. Le 2 août, le rédacteur en chef de « Glas javnosti », Slavoljub Kacarevic, a dénoncé la « discrimination » dont sont victimes les journaux indépendants et a affirmé, à l’instar de son homologue de « Danas », qu’il était « contraint de limiter le tirage du journal ». « Blic » et « Glas javnosti » avaient annoncé le 15 juillet qu’ils renonçaient désormais à leurs éditions du dimanche. « Blic », « Danas » et « Glas javnosti » avaient été forcés de sortir un seul numéro pour les 7, 8 et 9 juillet. Par ailleurs, les médias indépendants utilisent désormais toutes sortes de papier : l’édition du 10 juillet de « Glas javnosti » a été imprimée sur du papier d’emballage. Veselin Simonovic, rédacteur en chef de « Blic », a reconnu être « vraiment dans l’impasse » en raison de la pénurie de papier. « La seule solution est de se procurer du papier partout où on peut en trouver. Alors on peut se retrouver avec un journal édité dans cinq formats différents, mais l’important est surtout de ne pas cesser la publication », a expliqué le journaliste.
L’unique fabrique de papier du pays, Matroz, a l’habitude de fournir les médias indépendants avec ses surplus de papier, après avoir livré les journaux pro-gouvernementaux. Mais depuis plusieurs semaines, l’usine a considérablement diminué ses livraisons à ces trois quotidiens ainsi qu’à tous les organes d’information indépendants, prétextant une panne d’une partie de ses machines. Les médias pro-gouvernementaux continuent de recevoir la quantité de papier nécessaire à leur parution. Par ailleurs, le ministre fédéral du Commerce a refusé d’accorder aux journaux indépendants une licence d’importation, affirmant que le pays fabriquait suffisamment de papier.